Si la séance était globalement calme, l’opposition n’a pas manqué de pointer du doigt la dégradation du tissu commercial, notamment à l’occasion d’une délibération sur l’ouverture dominicale des commerces.
Une hémorragie de commerces
Lionel Boucher, élu UDI, a profité du débat pour dénoncer une situation qu’il qualifie de “calamiteuse” pour les commerces de proximité. « Avant de parler d’ouvrir le dimanche, il faudrait déjà que les commerces puissent ouvrir les autres jours de la semaine », a-t-il lancé avec ironie, avant d’énumérer une liste de fermetures récentes : Minelli, Le Dorian, L’Arôme des sens, le Bistrot de Paris, entre autres. « Ils sont fermés, et je ne vous parle même pas des commerces en redressement judiciaire ou en surveillance », a-t-il ajouté.
Pour Lionel Boucher, ces fermetures reflètent un échec de la mandature actuelle en matière d’attractivité du centre-ville. Pendant ce temps, les Halles Mazerat se questionnent sur l’évolution de leur offre pour répondre aux attentes d’une clientèle en mutation.
Steel, le centre commercial controversé
L’élue d’opposition Laetitia Valentin (groupe Saint-Étienne Demain) a, quant à elle, pointé du doigt le rôle du centre commercial Steel, qu’elle juge responsable d’une accélération des fermetures de petits commerces. « Saint-Étienne est désormais la deuxième ville de France de plus de 100 000 habitants la plus sinistrée commercialement. Pourtant, monsieur Perdriau, nous vous avions mis en garde contre le projet Steel. Quelle est aujourd’hui votre vision pour le centre-ville ? », a-t-elle interrogé.
L’élue a également proposé des mesures comme la gratuité des transports en commun pour attirer les clients en centre-ville. Elle a critiqué les propos du maire affirmant que plusieurs enseignes nationales solliciteraient chaque mois une installation dans la ville, doutant de la véracité de ces affirmations face à la réalité économique.
Un phénomène national, selon Gaël Perdriau
En réponse, le maire Gaël Perdriau a tenté de replacer le débat dans un contexte plus large. Pour lui, les fermetures commerciales sont le résultat de plusieurs facteurs, dont les changements dans les modes de consommation et la fin des Prêts garantis par l’État (PGE), qui ont parfois été détournés de leur objectif initial.
« Un prêt doit être remboursé, et certains commerçants préfèrent déposer le bilan pour l’éviter. Ce phénomène n’est pas spécifique à Saint-Étienne : on observe une hausse de 76 % des dépôts de bilan en France. Environ 70 % concernent des magasins de vêtements. Beaucoup des enseignes citées ici sont nationales et ont fermé non seulement en France, mais aussi en Europe », a souligné le maire.
Gaël Perdriau a également mis en avant le cas de Zara, qui, malgré son départ du centre-ville, a choisi de rester dans la commune en doublant ses effectifs, contrairement à d’autres villes où l’enseigne a totalement disparu. Il a ajouté que des raisons personnelles avaient aussi été invoquées par certains commerçants ayant mis la clé sous la porte.
L’ouverture dominicale comme levier ?
Revenant sur le sujet initial de la délibération, le maire a défendu la proposition d’autoriser l’ouverture des commerces le dimanche, précisant qu’elle était le fruit d’une concertation avec la Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre des métiers et de l’artisanat et les associations de commerçants.
« Ce sont des possibilités qui sont offertes, mais chacun reste libre de choisir s’il souhaite ou non ouvrir son commerce », a-t-il conclu, tout en reconnaissant que d’autres mesures pourraient être nécessaires pour enrayer la crise.
L’avenir du commerce stéphanois demeure donc incertain, alors que la ville devra relever le défi d’attirer à nouveau clients et enseignes pour maintenir la vitalité de son centre-ville.