
Gael Perdriau
Ce dernier conseil municipal avant son procès, prévu du 22 au 29 septembre pour l’affaire du présumé chantage à la sextape, a révélé un édile transformé, loin de la nervosité affichée le 2 juin dernier.
Maître de ses nerfs malgré la canicule et les ventilateurs peinant à rafraîchir l’atmosphère, le maire a affiché une sérénité déconcertante face aux attaques de l’opposition. Sa répartie cinglante à ceux qui contestent sa gestion illustre sa détermination : « Si vous voulez prendre ma place, il va falloir être un peu plus résistant parce que, à côté, la canicule, ce n’est rien. »
Des attaques qui glissent sur un maire blindé
Les tentatives de déstabilisation de l’opposition ont échoué face à un Gaël Perdriau en pleine maîtrise de son sujet. Olivier Longeon (écologiste) a rappelé l’échéance judiciaire proche, tandis que Laetitia Valentin (Saint-Étienne Demain) critiquait sa politique écologique et sa gestion de la canicule. Réponse ironique du maire : « Je suis responsable de la guerre en Ukraine, à Gaza, et aujourd’hui, je suis responsable du soleil dans toute la France. »
Cette désinvolture calculée témoigne d’une stratégie de communication rodée, où chaque attaque se retourne en démonstration de force. Le maire semble avoir intégré que l’offensive de ses adversaires ne peut plus l’atteindre, protégé par une carapace politique forgée dans l’épreuve.
Bataille de chiffres autour de la hausse d’impôts
La présentation du compte administratif 2024 par Nora Berroukeche, adjointe aux finances, a cristallisé les débats autour de la controverse fiscale de 2023. L’excédent global de 9,7 millions d’euros masque selon elle un déficit potentiel de 7 millions sans l’augmentation d’impôts, justifiant a posteriori cette décision douloureuse.
La baisse de la dette municipale de 36% depuis 2014 (de 351 à 224 millions d’euros) constitue l’argument massue de la majorité. Mais cette présentation comptable n’a pas convaincu Nicole Peycelon (Saint-Étienne Avant tout), ancienne adjointe devenue critique : « On peut s’interroger sur le bien-fondé d’une hausse des impôts aussi importante et sur l’usage final de cet argent. »
Une défense tous azimuts du bilan municipal
Gaël Perdriau a orchestré une défense méthodique de son action, reprenant les éléments de langage peaufinés lors de sa conférence de presse préparatoire. Sa contre-offensive frontale illustre sa philosophie politique : « Qu’est-ce que vous auriez fait sans cette hausse d’impôts ? Supprimer 371 postes à la mairie ? Fermer une piscine ou l’Opéra ? »
Cette rhétorique de l’alternative impossible vise à délégitimer toute critique en la renvoyant à l’irresponsabilité. Le maire se félicite de la « métamorphose de Saint-Étienne » en rappelant ses priorités budgétaires : éducation et petite enfance, action sociale, culture, tranquillité publique.
Une équipe soudée autour du maire contesté
L’intervention coordonnée de ses adjoints les plus fidèles, Jean-Pierre Berger, Marc Chassaubéné, Siham Labich, Nadia Semache, Nora Berroukeche, Diarra Kane, témoigne d’une solidarité inébranlable. Ces « valeurs sûres » maintiennent le cap malgré les turbulences, illustrant la discipline de l’appareil municipal perdriauiste.
Cette démonstration d’unité contraste avec l’éclatement de l’opposition, incapable de porter des coups décisifs. L’isolement progressif de figures comme Nicole Peycelon renforce paradoxalement la cohésion de l’équipe municipale restante.
Opposition dispersée, critiques émoussées
Les attaques de l’opposition peinent à trouver leur cible face à un maire qui « n’a jamais tort ». Isabelle Dumestre (socialiste) dénonce « la double peine » infligée aux Stéphanois avec fermetures de services et hausse d’impôts. Lionel Boucher (UDI) évoque un « renoncement politique et un racket fiscal ».
Mais Gaël Perdriau balaie ces critiques d’un revers de main, niant tout impact négatif : « Nous n’avons pas diminué les services publics. La fermeture des serres n’a pas eu d’impact sur les Stéphanois. » Cette capacité à retourner chaque reproche en justification illustre sa maîtrise rhétorique.
Un calme avant la tempête judiciaire
Contrairement aux conseils houleux habituels, cette séance de six heures a surpris par sa relative sérénité. Les allusions à « l’affaire » ont été rares et sans effet sur un maire apparemment blindé. Son « Je vous souhaite à tous un bel été » final résonne comme un défi lancé à ses détracteurs.
Le prochain conseil municipal, programmé le 29 septembre, trois jours après la fin du procès pourrait révéler un tout autre visage de cette assemblée municipale. En attendant, Gaël Perdriau savoure cette dernière démonstration de force avant de devoir répondre de ses actes devant la justice lyonnaise. Cette performance politique virtuose laisse planer une question : s’agit-il de la sérénité de l’innocent ou de l’ultime baroud d’honneur d’un maire en sursis ?