Que va-t-il se passer maintenant ? Le maire de la ville a toujours crié son innocence. Du côté du juge d’instruction, il n’a pas retenu les infractions relatives à la production de la vidéo et à son utilisation. L’avocat de Gaël Perdriau explique au Progrès : « Gaël Perdriau n’est pas à l’origine de cette histoire. Il est extérieur à ce qu’il s’est passé. »
Pas à l’origine de cette histoire, d’accord, mais que dire des enregistrements de Mediapart où le maire de la ville parle clairement de cette vidéo. Dans cet enregistrement, Gaël Perdriau annonce à Gilles Artigues : « Une fois que c’est sur les réseaux sociaux, ce n’est plus du chantage, c’est une exécution ». L’avocat de Perdriau reconnaît que la phrase a été prononcée dans un cadre de colère. Mais donc, il avait pris connaissance de cette vidéo. Pourquoi, n’avoir pas pris de l’avance en mettant cette ignoble manipulation au grand jour et surtout en licenciant son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri. Le maire l’a bien licencié, mais bien après l’affaire. Dans un communiqué publié le mardi 20 septembre 2022, le maire de Saint-Étienne explique avoir mis un terme aux fonctions de Pierre Gauttieri, son directeur de cabinet de la ville et de la Métropole, lié à l’affaire du chantage à la sextape.
Le lendemain des gardes à vue, une centaine de personnes manifestaient sous la pluie devant la mairie de Saint-Étienne pour demander deux démissions, celle du maire et celle de son adjoint à l’éducation, l’autre protagoniste de cette affaire. Dans la ville ça gronde : le Medef de la Loire et trois autres organisations patronales ont publié un communiqué dénonçant « des pratiques en dehors de toute éthique républicaine et managériale ».
Après que l’affaire de la sextape a éclaté, Pierre Gauttieri avait dit être bouleversé de honte suite à ces déclarations enregistrées et diffusées sur Médiapart où on l’entend dire : « J’ai une vidéo vous montrant le cul à l’air avec un mec. Ça ne vous dérange pas ? Le très catholique député Gilles Artigues très bon père de famille dans un truc comme ça ? ». Dans un autre enregistrement, il rajoute « Si le fait que j’aille en taule vous fait tomber parce que vous passez pour une vieille pédale sur le retour (…) je n’ai aucun problème ». Certains à la mairie parlent de méthode de barbouzes.
Le pilonnage du maire et de Saint-Étienne
La ville est engluée dans cette affaire sordide et rien n’y fait pour gommer cette page à Saint-Étienne. Les habitants sont pour une partie dégoûtée, d’autres se questionnent. « Notre maire est -il capable d’un tel acte odieux ? ». C’est souvent la consternation et on n’arrive pas à y croire tellement c’est gros et choquant. Choquant pour la ville, mais aussi pour son image. « On n’avait pas besoin de ça » annonce un habitant. Le maire de Saint-Étienne et président de la Métropole, élu en 2014 et réélu en 2020, tient bon et ne souhaite pas démissionner malgré le vent froid et la honte sur la ville.
Rapidement exclu du parti Les Républicains (LR), Gaël Perdriau s’est mis en retrait de ses fonctions, tout en se maintenant à la tête de la municipalité et de la Métropole de Saint-Étienne, qui avait pourtant voté en décembre en faveur de sa démission. Face aux critiques, le maire a toujours défendu la « présomption d’innocence » en dénonçant un « pilonnage médiatique » lié, selon lui, à une « politique hostile » de Laurent Wauquiez, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’affaire n’est pas terminée, mais une chose est sûre, les stéphanois veulent que cela se termine. Coupable ou pas, il faut redorer l’image de la ville. Mais cette histoire est loin d’être terminée. Et après ? on espère une nouvelle page moins entachée.