Le scandale continue de couler dans le monde politique stéphanois. Cette affaire éclabousse les élus, les LR mais aussi l’image de Saint-Étienne. Lundi, Médiapart a publié de nouveaux éléments avec des enregistrements sonores. On y entend Gaël Perdriau et son directeur de cabinet, Pierre Gautierri, mis en cause dans l’affaire de la sextape qu’aurait subie l’ancien premier adjoint de la ville Gilles Artigues (2014 et mai 2022).
Dans cette affaire, le maire de Saint-Étienne est accusé de chantage aggravé par Gilles Artigues, qui affirme avoir été piégé lors d’un rendez-vous filmé fin 2014 avec un escort boy dans un hôtel parisien. Gaël Perdriau était en garde à vue ce mardi pour donner sa version des faits. Il a été entendu par la PJ de Lyon. Le maire de Saint-Étienne en est ressorti libre, en début d’après midi. Selon son avocat, Gaël Perdriau est ressorti sans être soumis à un contrôle judiciaire. Christophe Ingrain ajoute : « Il était très soulagé de pouvoir s’expliquer en face d’enquêteurs qui ne participent pas à la chasse à l’homme dont il est l’objet depuis maintenant quelques jours et […] très soulagé d’avoir pu enfin donner à ceux qui sont en charge d’établir la vérité sa version des faits. » Au micro de France Bleu, il rappelle que le maire de la ville « n’a pas commandé de film mettant en cause quiconque. Il n’a jamais utilisé de film ou de vidéo pour faire un chantage auprès de quiconque, pour obtenir des décisions ou au contraire obtenir un renoncement. Il n’a pas vu ce film et évidemment, il n’a jamais utilisé les fonds de la municipalité pour rémunérer qui que ce soit pour une prestation qu’il n’a jamais commandée. » Pourtant, les enregistrements mettent à mal Gaël Perdriau. Pour son avocat : Ce sont des petits bouts d’enregistrement de quelques dizaines de secondes qui sont coupés. Ils sont sortis de leur contexte (…) ». La loi indique que, si besoin, la justice et les magistrats peuvent remettre Gaël Perdriau et les autres protagonistes en garde à vue pour les confronter dans leurs versions. La police travaille actuellement sur les données des ordinateurs et téléphones saisis.
Gaël Perdriau va-t-il se mettre en retrait politique ?
Si des proches du maire le soutiennent encore comme l’un deux annonce à Marianne : « Gilles Artigues a pu se présenter aux législatives de 2017 et à toutes les élections qu’il a voulues. Il n’a jamais été dissuadé de rien », d’autres femmes et hommes politiques ne veulent pas être associés à cette affaire malgré les élus qui font bloc. En toute logique, si Gaël Perdriau était amené à se retirer ponctuellement pour sa défense, il pourrait nommer son premier adjoint, Jean-Pierre Berger, en charge actuellement de l’urbanisme et du logement. Du côté de la direction de Saint-Étienne Métropole, on pourrait imaginer que Hervé Reynaud, le premier vice-président assure l’intérim. Si rien n’est décidé à l’heure actuelle, la grogne continue de monter et plusieurs collectifs stéphanois appellent à manifester dans les rues de Saint-Étienne à l’occasion du conseil municipal qui s’annonce explosif. La manifestation contre le maire aura lieu le 26 septembre à 14h30 devant l’hôtel de ville.
Les politiciens parlent de l’affaire de Saint-Étienne
François Bayrou, le président du MODEM a réagi en expliquant que « ceux qui sont à l’origine de cette affaire devront démissionner et aussi aller en prison ». Bruno Retailleau, président des républicains éprouve « le plus profond des dégoûts devant les révélations de Médiapart sur le chantage qu’a subi Monsieur Gilles Artigues à Saint-Étienne. Je demande à ce que le maire de Saint-Étienne soit exclu immédiatement des républicains ». Annie Genevrard, l’autre présidente des républicains, affirme que Gaël Perdriau n’a plus sa place dans le parti. « S’il revient à la justice de se prononcer sur la culpabilité et le degré d’implication de Gaël Perdriau, les méthodes utilisées pour éliminer un rival politique sont indignes d’un élu de la République ». Pour François Massardier, président des Stéphanois de Paris, « Gaël Perdriau n’est pas forcément extrêmement impliqué dans les instances nationales du parti. Il ne s’entend pas très bien avec les responsables locaux, il entretient des relations fraîches avec Laurent Wauquiez. Il n’a jamais vraiment eu besoin du soutien des républicains pour tenir la ville », analyse-t-il.
« J’ai une vidéo vous montrant le cul à l’air avec un mec. Ça ne vous dérange pas ? Le très catholique député Gilles Artigues très bon père de famille dans un truc comme ça ? »
Pierre Gauttieri, alors le chef de cabinet à la Ville de Saint-Étienne
Pour Dino Cinéri, député Les Républicains, le maire de la ville doit « se mettre immédiatement en retrait » de ses fonctions politiques. « Je suis écœuré, furieux, » confie-t-il. « Gaël Perdriau rêvait d’être candidat à la présidentielle, il espérait devenir ministre. Aujourd’hui, il n’est que grandeur et décadence. » Gaël Perdriau va-t-il choisir de se mettre au vert avant le conseil municipal de Saint-Étienne, ce qui éviterait des échanges musclés qui effaceraient bien trop les sujets de la réunion ?