
Le Comité Défaite, dans la ville, organise des actions contre le maire, âgé de 51 ans, et mis en examen pour chantage. Des slogans violents tels que « Perdriau démission » ou « Perdriau dégage » résonnent. Une odeur de soufre enveloppe désormais la ville de Saint-Étienne, autrefois si verte, belle et dynamique, aujourd’hui devenue la risée de la France entière.
Tout commence en 2014. Gaël Perdriau, ancien commercial chez EDF, est élu maire de la ville avec le parti Les Républicains, en remportant la victoire contre le maire sortant, Maurice Vincent (PS), dont le bilan mitigé ne comportait pas de grands projets en raison de l’endettement de la ville. Perdriau est élu grâce à une alliance avec les centristes dirigés par l’ancien député Gilles Artigues. Cependant, les relations entre le maire et son élu se détériorent rapidement, aboutissant à un pacte diabolique entre Perdriau et son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, visant à éliminer toute concurrence potentielle.
Samy Kéfi-Jérôme, Gilles Rossary-Lenglet, les mignons diaboliques
En janvier 2015, un piège odieux est tendu à Gilles Artigue, l’élu centriste. Un scénario diabolique orchestré par Samy Kéfi-Jérôme et son compagnon, Gilles Rossary-Lenglet, se déroule à Paris lors d’une réunion professionnelle où Artigue réside dans un hôtel. Kéfi-Jérôme annonce à Artigue qu’un ami les rejoindra pour dîner au restaurant. Avant cela, un apéritif est organisé dans la chambre d’hôtel d’Artigue. « L’ami » s’avère être un escort-boy recruté par Rossary-Lenglet. Artigue boit un verre contenant apparemment une forte dose de somnifères. Il ne se souvient de rien après avoir bu la potion. Dix-huit mois plus tard, Kéfi-Jérôme montre une vidéo à Artigue, révélant le chantage dont il est victime. Cette vidéo, baptisée « In Bed with Gilles Artigues » par les protagonistes, montre Artigue se faire masser par l’escort-boy. Une vidéo d’horreur de trois minutes qui devient l’arme politique pour détruire Artigue. Face à cette menace, Artigue sombre dans la dépression, évoquant même l’idée de se jeter sous un tramway.
Artigue garde le silence, gardant ce piège ignoble pour lui-même. Il devient une ombre de sa personne, perdant de sa verve politique. Terrifié, il est écarté de toutes les fonctions importantes par Perdriau et Gauttieri. Considéré comme brillant avec un fort potentiel politique, Artigue est relégué à des fonctions insignifiantes, comme la gestion des cimetières, une nomination qui suscite la stupéfaction dans le milieu politique local. En été 2022, Rossary-Lenglet est évincé par Kéfi-Jérôme, mettant fin à leur histoire d’amour. En guise de vengeance, Rossary-Lenglet révèle l’affaire à Mediapart, provoquant un scandale qui éclate au grand jour. Des enregistrements audios de Perdriau menaçant Artigue de publier les images le placent sous les feux de la justice et suscitent la condamnation populaire. Quelques mois après l’ouverture de l’enquête, Perdriau, Gauttieri et Rossary-Lenglet sont mis en examen. L’affaire prend une dimension financière lorsque l’on découvre que des subventions municipales de 40 000 euros auraient été utilisées pour payer les auteurs de la sextape.
L’histoire sombre continue, et Saint-Étienne semble plonger dans l’obscurité, rappelant l’époque des mines. La prochaine cible est l’ancien maire de la ville, Michel Thiollière, avec lequel Perdriau avait des différences politiques. Un piège visant à compromettre Thiollière en le mettant en présence d’une prostituée mineure est imaginé par Rossary-Lenglet et Gauttieri. Cependant, cette machination échoue lorsque Rossary-Lenglet déclare à Gauttieri : « On s’en fout ! » et que Gauttieri répond : « Ah oui ! ».
Aujourd’hui, Saint-Étienne n’est plus la ville verte et dynamique qu’elle était. Le maire évite les conférences de presse, les journalistes et les habitants l’évitent, et la honte s’installe. C’est tragique, car la ville était entrain de se redresser et avait un bilan positif sous la direction de Gaël Perdriau. À la fin de décembre 2022, le maire est contraint de se retirer de la présidence de Saint-Étienne Métropole, bien qu’il soit mis en examen pour chantage depuis avril. Perdriau s’accroche à son mandat en déclarant : « Je ne démissionnerai pas, car je suis innocent. » Cependant, le jugement populaire est déjà rendu. Saint-Étienne est entachée, et même en cas d’innocence prouvée, le maire a détruit sa carrière politique. Certains estiment que s’il aime vraiment sa ville, il devrait partir pour permettre à Saint-Étienne de grandir. En interne, à la mairie, le mécontentement règne, avec une dizaine d’élus de sa propre majorité demandant son retrait en attendant un procès. Le 4 octobre, six d’entre eux dénoncent des « pratiques mafieuses » dans un communiqué.
Lionel Boucher prend ces distances avec le Citizen Kane de Saint-Etienne
Lionel Boucher, autrefois proche de Perdriau, ancien adjoint UDI et ami d’Artigue, décide de siéger dans l’opposition du maire et de prendre ses distances avec le « Citizen Kane » de Saint-Étienne. En réponse, le maire lui retire immédiatement ses délégations, instaurant un climat de terreur à l’hôtel de ville. Bien que brutale et autoritaire, une trentaine d’élus restent fidèles au maire, car leur avenir politique dépend de lui. Pourtant, Saint-Étienne est en train de sombrer comme le Titanic, et Perdriau risque de perdre beaucoup. Malgré un salaire de 10 000 euros par mois d’indemnités (après avoir vendu des compteurs Linky chez EDF), il refuse de partir.
Cependant, aujourd’hui, rien ne va plus pour Perdriau. Il ne peut plus sortir en toute tranquillité, subissant des insultes et des évitements publics. Même lorsqu’il dîne à la brasserie du Méliès, il est insulté. Dans la rue, les passants l’évitent. Lors d’un spectacle à l’opéra, plusieurs sièges sont vides à côté de lui, personne ne voulant s’asseoir à ses côtés. Le 2 septembre dernier, à la Foire de Saint-Étienne, le député Dino Cinieri (LR) lui répond : « Garde ta main pour pisser ». Le président du département de la Loire, Georges Ziegler, refuse également de le saluer. Face à ces événements, le maire communique son agenda à la dernière minute pour éviter les confrontations. Bien qu’il soit encore soutenu par une trentaine d’élus, la durée de cet appui est incertaine.
Michel Thiollière écœuré
Pour Michel Thiollière, l’ancien maire, c’est l’incompréhension et un certain dégoût. Perdriau a coupé les ponts avec celui qui l’a marié, lui a trouvé un emploi chez EDF et l’a aidé à entrer en politique. Thiollière s’interroge sur le silence de Perdriau, qui n’a jamais exprimé son soutien face au piège tendu contre l’ancien maire.
La plus grande victime dans cette affaire est la ville elle-même, la belle Saint-Étienne. Malgré son passé glorieux avec les mines, Manufrance, la manufacture et la légende des Verts, la ville est aujourd’hui ternie. Saint-Étienne, grande et dynamique, dispose d’un stade de 42 000 places, de 6 cinémas, de théâtres, de musées, de nombreuses salles de concert, d’associations et du siège mondial de Casino. C’est un gâchis pour le maire qui avait pourtant un bilan remarquable. Ces dernières années, la ville a gagné 5 000 habitants, le centre-ville a été redynamisé, une troisième ligne de tramway a été mise en place, et les Halles ont été rénovées avec succès. La croissance des petites et moyennes entreprises a également été notable. Malheureusement, le capitaine Perdriau a tout gâché. Malgré ses réussites, sa carrière politique est désormais entachée par ses actions scandaleuses.
Saint-Étienne souffre dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec des relations glaciales entre Perdriau et le président de région, Laurent Wauquiez, que Perdriau accuse même de pédocriminalité. Les partis de gauche demandent la révocation du maire, mais la Première ministre, Elisabeth Borne, n’a pas encore répondu. Il faudra peut-être attendre la fin du mandat en 2026. Saint-Étienne a surmonté d’autres crises par le passé, et avec le temps, elle pourra surmonter celle-ci. Il est temps de parler positivement de Saint-Étienne et de ce qu’elle apporte au quotidien, malgré les erreurs de son maire. La belle continuera de briller.
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