« Nomadland » est un film dramatique indépendant américain réalisé par la cinéaste sino-américaine Chloé Zhao, ayant remporté trois oscars dont celui du meilleur film.
L’adaptation d’un best-seller
Il s’agit de l’adaptation du récit de Jessica Bruder sur des séniors victimes de la crise financière de 2008 sillonnant les États-Unis en quête d’emplois pour survivre.
Un incroyable portrait
Ce film, si proche du western, dresse le portrait sans fard, juste et magnifique, d’une veuve d’une soixantaine d’années (Fern, interprétée par Frances McDormand) qui, après avoir tout perdu durant la crise économique mondiale de 2008, se lance dans un voyage à travers l’Ouest américain, en vivant en nomade dans une camionnette, à la recherche d’emplois saisonniers.
Un road movie d’un nouveau genre
Contrairement à la beat generation où le road trip était une forme de contestation pour des jeunes voulant fuir la société (on pense évidemment à « Easy Rider » de Dennis Hopper ou plus récemment à « American Honey » d’Andrea Arnold), ici, c’est une volonté pour des seniors de s’accrocher à une société qui les rejette. Il y a même chez ces nouveaux nomades une forme d’addiction à ce mode de vie afin d’oublier leur passé. Heureusement, au fil des rencontres, leur parole se libère et se déploie magnifiquement à l’écran.
Entre fiction et documentaire
Pour les besoins du film, Frances McDormand (de nouveau oscarisée pour ce rôle) a vécu dans une camionnette pendant près de cinq mois et s’est déplacée à travers sept Etats des Etats-Unis. De plus, tous les acteurs (à l’exception de David Strathairn) sont amateurs et interprètent leur propre rôle. Ainsi, comme dans le cinéma de l’iranien Abbas Kiarostami, la frontière entre fiction et documentaire se trouve sensiblement réduite. Ce qui en fait un film extraordinaire.
L’empreinte de Terrence Malick
Loin d’être un film militant comme « J’veux du soleil » de François Ruffin et Gilles Perret, « Nomadland » traite aussi du thème américain et romantique cher Terrence Malick sur le rapport spirituel de l’individu à la nature et du lien entre grands espaces et introspection. A la différence qu’ici, la réalisatrice n’emploie pas de voix off et utilise la musique avec parcimonie.
Des paysages magnifiquement filmés
La quasi-totalité du film a été tournée durant “l’heure dorée”, cette courte période suivant le lever de Soleil ou précédant le coucher de Soleil. Chaque image est donc un ravissement et l’emploi du son réel permet une immersion totale. Du vrai cinéma à voir au Méliès Jean Jaurès.
Richard Clermont