
Si la Métropole devait tourner une page, elle semble toujours empêtrée dans un feuilleton politique qui affaiblit son fonctionnement et sa crédibilité.
Une mise en retrait… sans effet concret
Le 8 décembre 2022, au Musée d’art moderne, Gaël Perdriau surprenait élus et observateurs en annonçant son retrait de la présidence de Saint-Étienne Métropole, à la suite de l’affaire du présumé chantage à la vidéo intime. Dans une mise en scène calculée, il délègue ses fonctions à Hervé Reynaud, alors premier vice-président, mais reste officiellement président. Ce concept inédit de “retrait total”, sans fondement juridique, laissait planer un flou que rien n’est venu clarifier depuis.
Dès la séance suivante, 61 % des élus votent une motion réclamant sa démission. Sans effet. En mai 2023, la Métropole réduit de moitié son indemnité. Mais Gaël Perdriau, isolé politiquement et mis en examen à plusieurs reprises, refuse de céder. Il continue d’agir, parfois en coulisses, parfois de manière ostentatoire.
Une Métropole paralysée
La gestion de la Métropole repose désormais sur Sylvie Fayolle, vice-présidente devenue présidente par intérim après qu’Hervé Reynaud a été élu sénateur. Mais la marge de manœuvre de Sylvie Fayolle est limitée. Malgré sa bonne volonté, elle se heurte à l’héritage institutionnel de Gaël Perdriau, qui conserve une mainmise informelle sur les rouages de la Métropole.
Les décisions cruciales, comme le choix du directeur de cabinet, se heurtent à des blocages. Sylvie Fayolle a proposé David Rigault, un proche de Laurent Wauquiez, mais Gaël Perdriau a opposé son veto. Résultat : Michaël Roncier, l’homme choisi par Perdriau, occupe toujours ce poste stratégique, rémunéré à 50 % par la Ville et 50 % par la Métropole, sans réelle collaboration avec la présidente intérimaire.
Présence discrète, mais pesante
Malgré son retrait proclamé, Gaël Perdriau continue d’intervenir dans les affaires métropolitaines. « Lors des réunions des maires, il participe aux débats. Certes, en tant que maire de Saint-Étienne, mais cela complique la situation pour les élus, les agents et même pour Sylvie Fayolle », déplore Ramona Gonzalez-Grail, maire de La Talaudière et vice-présidente de la Métropole dans les lignes du journal Le Progrès.
Des apparitions publiques de Perdriau entretiennent l’ambiguïté. En septembre, lors de la foire annuelle, il prend la parole en tant que président de la Métropole. Un geste qui choque élus et observateurs.
Blocage institutionnel et tensions politiques
Pour Marc Chavanne, maire de Saint-Jean-Bonnefonds, la situation est intenable. Il explique au Progrès : « La Métropole dysfonctionne. Nous sommes dans une situation de blocage et d’immobilisme. La présidente intérimaire est entravée et la morale politique est piétinée. »
Au-delà de la gestion quotidienne, les tensions se cristallisent sur les grands projets structurants. Marc Chassaubéné, vice-président fidèle à Gaël Perdriau, accuse Sylvie Fayolle de bloquer ces initiatives.
Un avenir incertain
À ce jour, rien ne semble pouvoir mettre fin à la confusion qui règne à Saint-Étienne Métropole. Entre un président officiellement “en retrait” mais omniprésent, une présidente par intérim sans autorité pleine et entière, et des élus divisés, la collectivité reste paralysée.
La question du départ définitif de Gaël Perdriau reste taboue. Et deux ans après sa promesse de “retrait total”, la Métropole semble toujours suspendue à son ombre.