La jeune femme, qui a continué ses activités illégales malgré un contrôle judiciaire, a usurpé l’identité d’un médecin et opérait sous un faux nom.
L’affaire a débuté dans le XVe arrondissement de Paris, où des voisins avaient remarqué de fréquentes allées et venues de jeunes femmes aux lèvres gonflées. On chuchotait qu’une « ancienne infirmière » avait ouvert un cabinet d’esthétique. À l’intérieur, Emma C. portait une blouse blanche et avait aménagé un espace de 35 m² avec deux tables, des lampes et un fauteuil médical, tout en utilisant des factures au nom d’un médecin dont elle avait usurpé l’identité.
Activités illégales et contrôle judiciaire
Emma C. a été placée sous contrôle judiciaire, sa mère ayant réglé une caution de 10 000 euros. Cependant, en mars 2023, elle a été surprise à poursuivre ses injections, utilisant cette fois un faux nom. Lorsque la police a fait irruption, deux patientes l’attendaient, mais elle s’était cachée dans la cave.
Face au tribunal, elle a reconnu ses actes, admettant avoir trompé le laboratoire Vivacy et usurpé l’immatriculation d’un médecin trouvé en ligne. « J’étais sous chantage, harcelée par mon ex-compagnon », a-t-elle déclaré, expliquant qu’elle se sentait contrainte de continuer son activité illégale. Cependant, la présidente du tribunal, Sylvie Daunis, a questionné la logique de ses choix : « En quoi le harcèlement vous pousse-t-il à l’exercice illégal de la médecine ? »
Réactions à l’audience
Les professionnels de santé présents à l’audience ont exprimé leur indignation face à la légèreté avec laquelle Emma C. a traité les risques liés à ses pratiques. Elle a minimisé les dangers des injections, déclarant que « ça n’est pas arrivé… par chance » concernant les risques de nécrose. Les représentants de l’Ordre des médecins et du Syndicat national de chirurgie plastique (SNCPRE) ont rappelé que la pratique de la médecine esthétique exige des années de formation, et que des complications peuvent survenir, certaines pouvant avoir des conséquences graves.
La prévenue a tenté de justifier son activité en affirmant qu’elle utilisait des produits de bonne qualité. Toutefois, l’enquête a révélé plus de 100 000 euros de commandes de matériel en 2021, laissant planer des doutes sur l’origine de ses produits.
Sanctions et conséquences
Finalement, le tribunal a prononcé une peine de trois ans de prison, dont six mois ferme, correspondant à la durée de sa détention provisoire. En plus de cette peine, Emma C. est condamnée à payer 10 000 euros d’amende, à indemniser les victimes, et elle se voit interdire l’exercice de toute profession médicale ou paramédicale. Ses biens, y compris des montres et sacs de luxe, ont été saisis.
Le procureur, Édouard Bergougnous, a souligné que toutes les activités d’Emma C. étaient illicites et motivées par le désir de profit personnel. Son père, présent dans la salle, a également attiré l’attention lorsqu’il a été remarqué qu’il avait enregistré le procès, une action qui a suscité des interrogations supplémentaires.
Conclusion
L’affaire d’Emma C. met en lumière les dangers de l’exercice illégal de la médecine esthétique et les risques que prennent des individus en quête de procédures moins coûteuses. Dans un contexte où la régulation de ces pratiques est essentielle, la lutte contre les injecteurs non qualifiés apparaît plus nécessaire que jamais pour garantir la sécurité des patients.