
Cette décision de justice place notamment en péril le site de Saint-Étienne, inauguré dans le quartier du Soleil en juin 2023, alors que les autres entités du groupe échappent à cette crise financière. Cet établissement flambant neuf avait pourtant bénéficié d’un investissement conséquent de 4 millions d’euros, avec des objectifs ambitieux : atteindre 5 millions d’euros de chiffre d’affaires en trois ans et doubler les effectifs. Conçu comme un site pilote pour la région, il devait incarner l’excellence dans le domaine du réemploi et de la rénovation d’équipements électriques et électroniques.
Un contexte économique défavorable
Selon Guido Locatelli, directeur de la structure, plusieurs facteurs expliquent ces difficultés. La loi Agec a modifié la donne en faisant émerger de nouveaux concurrents sur un marché qui se restructure profondément. L’association avait misé sur des investissements massifs au moment où le modèle économique se dégradait, créant un décalage fatal entre les ambitions et la réalité.
Quarante emplois en danger à Saint-Étienne
Cette situation critique menace directement l’emploi local avec la suppression envisagée de 40 postes sur le site stéphanois, dans le cadre d’une réduction plus large touchant 130 emplois répartis sur les sites de Villeurbanne et Grenoble. Les coûts de structure se révèlent disproportionnés par rapport au niveau de développement atteint.
Malgré les difficultés, la direction refuse de baisser les bras. Un plan de restructuration vise un retour à l’équilibre financier d’ici 2026, combinant réductions d’effectifs et optimisation des processus productifs. L’association dispose d’une période d’observation de six mois, renouvelable une fois, pour mettre en œuvre sa stratégie de redressement.
Une concurrence accrue qui complique la donne
Le marché du réemploi fait désormais face à l’arrivée de start-up ayant levé des fonds importants, mais dépourvues de la dimension d’insertion sociale qui caractérise Envie. Parallèlement, la grande distribution s’accapare les équipements les plus intéressants, laissant aux associations les produits les moins valorisables.
Au-delà des questions concurrentielles, l’association doit composer avec la stagnation du pouvoir d’achat qui freine la demande, tandis que ses coûts augmentent (hausse du Smic et de l’énergie). Cette équation économique complexe rend d’autant plus difficile le maintien de l’activité.
Pourtant, l’utilité de cette structure ne fait pas de doute. Présente sur sept sites dans trois départements (Loire, Isère et Rhône), elle traite annuellement 10 000 appareils électroménagers, évitant ainsi 500 tonnes de déchets et 3 000 tonnes d’émissions de CO2. Les postes d’insertion, particulièrement menacés par les restructurations, constituent l’un des piliers de son action sociale.
Une mobilisation politique en cours
La gravité de la situation a conduit les responsables à alerter les collectivités et élus locaux sur les risques d’arrêt d’activité. Cette mobilisation s’est récemment concrétisée par la visite de l’ex-ministre et actuel président d’ESS France sur le site stéphanois, organisée à l’initiative des forces socialistes du territoire le 26 juin dernier.
Le dirigeant a pu découvrir les 2 200 m² d’installations (atelier, magasin et logistique) et échanger avec des salariés qui avaient prolongé leur journée de travail pour l’accueillir, témoignant de leur engagement malgré l’incertitude qui pèse sur leur avenir professionnel.