Le gouvernement a interdit la vente de feuilles et de fleurs de « cannabis light ». Un coup dur pour les milliers de revendeurs qui surfent sur la vague de la fumette pas planante et de la tisane présentée comme relaxante. L’un d’eux nous a donné son avis.
Depuis le 2 janvier 2022, un arrêté gouvernemental, publié le 31 décembre 2021 au Journal officiel, interdit en France la vente et la consommation de feuilles et de fleurs brutes de CBD, le fameux « cannabis light ». En clair, les produits chargés en cannabidiol (CBD), la molécule non psychotrope du cannabis à fumer ou à infuser. Cette mesure est présentée par l’Etat comme une décision de santé et d’ordre public.
Interrogé par 42info, Fabien Gueraci fondateur de la marque Herbora à Montbrison réagit et dénonce le timing parfait d’un arrêté publié par la France en catimini le 31 décembre « pour que tous les acteurs du milieu soient pris de court ». « C’est totalement incompréhensible ».
Pour Monsieur Bretton, gérant de la boutique Green City à Roanne, « si cette loi passe, c’est pour moi une perte entre 50 et 60% de mon chiffre d’affaires.
Le gérant rajoute que malgré l’interdiction des Fleurs de tisanes « On va tout faire pour contester cette décision et nous battre et développer nos autres produits comme le pollen, les confiseries et les fleurs de chanvre ».
On attend la validation de la Commission européenne qui doit valider ou non le choix du gouvernement. Notre problème également c’est que si la loi passe, que va-t-on faire de notre stock ? On ne peut pas le revendre on perdra l’ensemble de notre investissement ». La réponse de la Commission européenne tombe ce vendredi ou début de semaine prochaine.
Pour le gérant de Green City à Roanne, « On pourrait développer l’alimentaire et le pollen CBD qui va rester autorisé ». « On devait agrandir la boutique, et bien, dans ces conditions, l’idée est abandonnée pour le moment ». On sent les revendeurs et les fournisseurs avancer à l’aveugle.
Un arrêté qui ne respecte pas la primauté du règlement européen
L’arrêté français ne respecte pas la primauté du règlement européen (qui autorise cette vente et cette consommation). « La France se met donc en infraction totale et pénalise par la même occasion toute une filière française d’agriculteurs qui commençait à se mettre en place ».
Combien de temps allons-nous résister ?
« Nous sommes abasourdis par une telle prise de position, et nous demandons combien de temps nous – petite boutique indépendante- allons-nous résister face à cette interdiction ? » explique Fabien. Une décision « criminelle »: des milliers de salariés et leur famille risquent de se retrouver sur le carreau.
Un grand nombre d’actions en justice sont en cours pour faire annuler cet arrêté
En plus de tuer ces commerces, cette interdiction va alimenter un nouveau trafic : « les consommateurs vont devoir retourner s’approvisionner sur le marché noir, où il n’y a aucun contrôle sur la qualité des produits ». Beaucoup avaient trouvé dans la fleur de CBD une alternative « bien être » non psychotrope, confirme le fondateur de la marque Herbora.