
Archaeological excavations, archaeologists work, dig up an ancient clay artifact with special tools in soil
Dans le cadre du projet de réhabilitation du secteur, les archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont mené des fouilles exploratoires qui livrent aujourd’hui leurs premiers enseignements. Ces découvertes permettent de reconstituer une partie de l’histoire de Saint-Étienne, dissimulée sous la surface urbaine actuelle.
Des fortifications médiévales exhumées
En février 2024, quatre sondages avaient été réalisés sur la place Boivin, anciennement appelée place Marquise. Ce site constitue le berceau historique de la ville, où subsiste l’un des derniers témoins du XVe siècle : la Grand’Église, érigée vers 1446. Si le premier sondage n’a rien révélé, les vestiges ayant probablement été détruits par d’anciens travaux d’aménagement –, le deuxième a offert une découverte significative.
En creusant devant le square, les archéologues ont dégagé un mur d’une largeur imposante. Tout porte à croire qu’il s’agit des anciens remparts qui encerclaient la ville au Moyen Âge. Construite vers 1430, cette enceinte de 100 mètres sur 100, aujourd’hui disparue, représentait jusqu’alors un vestige hypothétique, dont le tracé avait été reconstitué sur la base du cadastre. La mise au jour de ces fortifications vient désormais confirmer ces estimations.
Plus loin, dans la troisième tranchée, les chercheurs n’ont pas retrouvé d’autres segments du rempart, mais ils ont probablement identifié une section du fossé qui le bordait. Cette découverte apporte un nouvel éclairage sur l’organisation défensive de la cité médiévale.
Vestiges du XVIIIe siècle et traces d’un cimetière ancien
Outre ces structures défensives, les fouilles ont révélé les fondations de plusieurs maisons du XVIIIe siècle, ainsi que divers objets de la vie quotidienne datant du XVIIe siècle. Ces habitations avaient été détruites dans les années 1840, lors de la création de la place Boivin. Les archéologues ont également mis au jour plusieurs puits, témoins du développement progressif de la ville au fil des siècles.
Le dernier sondage, effectué au nord de la Grand’Église, près de la rue Sainte-Catherine, a permis une remontée encore plus lointaine dans le passé. Les fouilles ont mis au jour cinq niveaux de sépultures appartenant au cimetière paroissial. L’analyse des ossements a permis de les dater des XVIIIe et XIXe siècles, bien que le site ait pu être utilisé bien plus tôt, potentiellement dès le XIIIe siècle, soit avant même l’édification de la Grand’Église.
Bien que ces découvertes soient fragmentaires, elles permettent d’affiner la connaissance du passé stéphanois. L’objectif principal de cette opération était de réaliser un diagnostic archéologique préalable à la réhabilitation du secteur. Toutefois, en fonction de l’ampleur des futurs travaux municipaux, des fouilles plus approfondies pourraient être entreprises.
Une prise de conscience sur le patrimoine archéologique de Saint-Étienne
L’archéologie préventive a mis en lumière un fait surprenant : Saint-Étienne ne figurait jusqu’alors sur aucune carte de zones archéologiques protégées. Contrairement à d’autres villes du département, aucune zone de présomption de prescription archéologique (ZPPA) n’existait, ce qui signifie que les projets d’urbanisme n’étaient pas systématiquement soumis à une évaluation archéologique.
Face à ce constat, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) a pris en juillet 2024 un arrêté instituant quatre zones de présomption archéologique sur le territoire stéphanois. Désormais, tout projet de construction, de démolition ou d’aménagement affectant le sous-sol dans ces zones pourra être soumis à une obligation de diagnostic ou de fouilles.
Les quatre secteurs retenus sont :
• Le cœur médiéval de Saint-Étienne, comprenant la place Boivin, la place du Peuple et le quartier Saint-Jacques.
• L’ancien château du Mont d’Or, situé au bas des pentes de la colline des Pères.
• Le site de Valbenoîte, où subsistent les vestiges de l’abbaye cistercienne du XIIe siècle et son église gothique.
• Le bourg de Rochetaillée, avec son château en schiste du XIIe siècle, ses remparts et son église médiévale.
Si cette mesure constitue une contrainte supplémentaire pour les acteurs de l’urbanisme, elle représente néanmoins une avancée significative pour la protection du patrimoine historique de la ville. « Il s’agit d’une excellente nouvelle pour la préservation de notre histoire locale », souligne Jean-Pierre Berger, premier adjoint en charge de l’urbanisme.