
Cyclone à Mayotte : une première épreuve de crise
Dès samedi soir, François Bayrou a été plongé dans l’urgence en participant à une réunion interministérielle de crise consacrée aux ravages causés par le cyclone Chido à Mayotte. Cette catastrophe a immédiatement placé la gestion des urgences au cœur de son début de mandat.
Un marathon de consultations pour bâtir un gouvernement
Samedi, François Bayrou a également entamé un marathon de rencontres institutionnelles afin de poser les bases de son futur gouvernement et d’affronter l’urgence budgétaire. Parmi ses interlocuteurs : Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, et François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. Ces consultations ont été dominées par une préoccupation majeure : la dégradation récente de la note de la France par l’agence Moody’s. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a également été reçu dans l’après-midi, traduisant l’importance de consolider une majorité parlementaire dans un contexte de finances publiques sous tension.
Dialogue institutionnel : tensions entre Matignon et l’Élysée
L’Élysée a proposé une réunion multilatérale mardi prochain, dans la lignée des échanges organisés récemment par Emmanuel Macron avec les partis politiques. Mais François Bayrou a opposé une fin de non-recevoir, préférant privilégier des consultations bilatérales avec les présidents de groupes parlementaires pour solidifier une coalition plus durable. « Bayrou veut prendre son temps pour bâtir une base solide, mais la pression est intense », confie un observateur politique.
La droite et la gauche dans l’attente : des alliances sous conditions
Du côté des Républicains (LR), la prudence reste de mise. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur sortant, a évoqué avec François Bayrou le périmètre d’une éventuelle coalition, sans que des blocages majeurs n’aient été signalés. Cependant, la méfiance règne. « Bayrou semble vouloir embarquer une partie de la gauche dans son projet, ce qui ne sera pas sans conséquences », s’inquiète un stratège de la droite. Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l’Assemblée, a, lui, consulté ses députés, qui se montrent moins enthousiastes que prévu. De son côté, Nicolas Sarkozy aurait conseillé à Wauquiez de rester à distance, estimant que « Bayrou ne fera rien, et la droite non plus. »
À gauche, l’opposition s’organise. Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a laissé entendre qu’une motion de censure n’était pas exclue, tout en exprimant des « a priori négatifs » à l’encontre du gouvernement en gestation. La question du recours au 49.3 pour faire passer le budget reste un sujet brûlant. « Bayrou ne peut pas trop attendre, mais s’il reprend la copie Barnier, il s’expose politiquement. Et sans 49.3, il risque de ne rien obtenir avant mars ou avril », analyse un député du groupe Liot.
Un début de mandat sous le signe des tempêtes
Entre gestion des urgences à Mayotte, élaboration d’un gouvernement dans un contexte de coalition incertaine, et contraintes budgétaires exacerbées, François Bayrou doit relever des défis immédiats et complexes. Les premières bourrasques ne font que commencer, et le nouveau locataire de Matignon devra rapidement montrer qu’il peut transformer ce climat d’instabilité en opportunité de gouvernance.