À la veille du vote à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a reconnu que la situation était « difficile », tout en mettant en garde contre les conséquences d’une censure, qui, selon lui, « rendra tout plus difficile et plus grave ».
Lors des questions au gouvernement mardi, Michel Barnier a répondu aux critiques de l’opposition, en particulier celles du chef des députés communistes André Chassaigne. Le Premier ministre a concédé que les défis budgétaires étaient plus importants que prévu, précisant que la France devait « payer un jour » sa dette et faisant état de difficultés également « sur le plan social ». Ce discours, prononcé dans une ambiance particulièrement tendue à l’Assemblée, intervient après l’usage du 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale, une manœuvre qui a précipité le dépôt de motions de censure par la gauche et le RN.
Un vote imminent aux conséquences incertaines
La motion de censure déposée par la gauche semble avoir de bonnes chances d’être adoptée, grâce au soutien du RN. En combinant leurs voix, ces deux groupes pourraient rassembler environ 330 députés, bien au-delà des 288 nécessaires pour renverser le gouvernement.
Face à cette menace, les ministres appellent à la « responsabilité » et avertissent des conséquences dramatiques d’une chute du gouvernement. Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, a réagi en lançant : « C’est aujourd’hui de votre responsabilité d’envoyer ce pays dans un trou noir ». De son côté, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a mis en garde contre une « crise économique qui touchera les plus fragiles » et a exprimé sa conviction que le gouvernement réussirait à écarter la motion de censure.
La fin d’un gouvernement en cas de censure ?
Pour Marine Le Pen, la censure est une nécessité pour « protéger les Français d’un budget dangereux, injuste et punitif ». Si la motion venait à être adoptée, ce serait un fait inédit depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962, et le gouvernement Barnier deviendrait ainsi le plus court de l’histoire de la Ve République.
Une telle issue pourrait encore aggraver la crise politique en France, déjà alimentée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin. Le pays semble donc à un tournant, avec des enjeux politiques et sociaux majeurs qui se jouent dans l’hémicycle.