« La voix d’Aïda » est un film historique sur le massacre de Srebrenica de juillet 1995 durant la guerre de Bosnie-Herzégovine. C’est un film de mémoire à travers le regard d’une femme, Aïda, interprète pour les Nations Unis mais aussi mère de deux fils disparus lors de ces tueries de masse.
Une reconstitution parfaite
Le scenario respecte scrupuleusement le déroulé de ces événements tragiques à l’instar d’un autre film mettant également en scène des soldats de l’ONU, « Hôtel Rwanda » de Terry George (2004) relatant, lui, le génocide des Tutsi ayant eu lieu à la même époque. Ainsi, de la déclaration de la ville de Srebrenica comme « zone de sécurité » par l’ONU aux exécutions sommaires lors de transferts en autobus, chaque évènement se déroulant dans ce camp de réfugiés bondé est relaté avec minutie.
Aïda, une « Mère courage »
Le personnage principal, Aïda, ressemble en de nombreux points à celui d’Anna dans la pièce de théâtre « Mère courage et ses enfants » de Bertolt Brecht. Comme elle, Aïda est une personne énergique, très déterminée, assez optimiste, plutôt rusée et suffisamment chanceuse pour échapper à la mort. Mais elle ne réussit pas, elle non plus, à protéger ses enfants, ni son mari.
Un regard distancié
La scène centrale, celle du massacre lui-même de ces hommes soupçonnés d’être tous des soldats est filmée hors champ, en plan fixe, à l’extérieur immédiat du lieu de l’exécution, un hangar transformé en salle de cinéma. Ce choix de mise à scène permet d’avoir un regard plus distancié et de juger ces événements avec justesse. « La voix d’Aïda » es le film du mois au cinéma Le Méliès de Saint-Étienne. Nous vous le conseillons vivement.
Par Richard Clermont