
En 2020 les relations sentimentales ont évolué avec les technologies et le consumérisme. Autour de moi mes amis de tout âge sont formels : on ne rompt pas comme on le faisait il y a dix ou quinze ans. Les méthodes de rupture ont changé.
Du simple texto au silence radio. Souvent le même problème revient : l’engagement effraie. De quoi laisser pantois les adeptes de l’amour. On fait des rencontres aussi vite qu’on se sépare. C’est le cas de Leone, 29 ans : « J’étais avec ma copine depuis 5 mois. Elle a quitté le gars avec qui elle sortait pour se mettre avec moi. Il ne la respectait pas. Il avait une emprise sur elle mais elle disait ne plus l’aimer. J’ai été protecteur et aux petits soins avec elle. Ça évoluait plutôt bien entre nous. Et du jour au lendemain, elle est devenue froide et distante. Elle m’a dit qu’elle était perdue et voulait rester seule pour se reconstruire. En réalité elle avait encore des sentiments pour son ex. J’ai compris que j’avais servi de pansement. J’étais dévasté.«
Le ghosting c’est l’art et la manière de rompre avec quelqu’un en disparaissant de la circulation sans plus jamais donner de nouvelles et sans aucune justification
Si Leone a eu droit malgré tout à des explications, ce n’est pas le cas de Lola, 32 ans :« J’étais avec quelqu’un depuis 5 ans. Quand on était en vacances en Italie j’ai eu le malheur de dire que j’aimerais bien avoir un enfant. Au début il a dit que c’était une décision qui se prenait à deux et qu’il fallait mûrement y réfléchir. Puis il a commencé à être bizarre, il parlait de moins en moins. Je voyais bien que quelque chose n’allait pas. Une semaine après je me suis rendue compte qu’il avait bloqué mon numéro et tout contact via les réseaux. Silence total… aucune explication. J’ai pris une claque. En clair, il m’a carrément ghosté. Aujourd’hui je ne suis pas prête à me lancer dans une relation sérieuse et j’ai du mal à faire confiance à nouveau ».
Le ghosting c’est l’art et la manière de rompre avec quelqu’un en disparaissant de la circulation sans plus jamais donner de nouvelles et sans aucune justification. Cette pratique serait de plus en plus courante. La part belle à une société de plus en plus tournée vers le contact virtuel et superficiel. On prend, on jette et on passe à autre chose, laissant l’autre sur le bord de la route comme un animal abandonné.
« Ne t’inquiète pas ce n’est pas toi le problème, c’est moi «
Ceux qui ont la chance d’avoir des explications reçoivent ce type de message récurrent : « Ne t’inquiète pas ce n’est pas toi le problème, c’est moi. J’ai besoin d’aller de l’avant, de m’occuper de moi un peu. Tu es une belle personne et je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi« . Si ce genre de message se veut bienveillant, il n’en est pas moins acteur dans la mésestime de soi. On se remet en question, on se culpabilise pour savoir là où on a échoué. Erreur à ne pas faire.
Seul le temps sera cet ami qui vous soignera. La route sera sinueuse et non sans séquelles mais il faudra être patient et attendre des lendemains qui chantent. Et puis un jour, il fait beau, les astres sont alignés et il y a ce(tte) bel(le) inconnu(e) qui vous observe à la terrasse d’un café.
Martial Mossmann