
Ce film poétique, qui mêle fiction et documentaire, a déjà été primé dans plusieurs festivals, décrochant notamment le prestigieux Prix du Syndicat de la critique.
Une histoire entre mémoire et déracinement
Le film débute par une scène marquante : le tirage d’une photo argentique, révélant peu à peu un visage. Cette image devient le fil rouge de Mémoires du bois, une œuvre contemplative qui plonge le spectateur dans un univers où passé et présent se croisent. Le récit, centré sur Moussa, un homme hanté par la perte de son ami dont le corps est retourné au Sénégal, explore les thèmes de la mémoire et du déracinement, tout en réinterrogeant le passé colonial.
Produit avec un budget modeste de 20 000 euros, ce court-métrage a été réalisé en collaboration avec le Grec (Groupe de recherches et d’essais cinématographiques). Entre poésie visuelle et réflexion philosophique, il a séduit la critique, qui salue son originalité et sa profondeur.
Un parcours remarqué dans les festivals
Bien que Théo Vincent décrive son œuvre comme atypique, ne visant pas nécessairement un succès immédiat en festival, Mémoires du bois a dépassé les attentes. Présenté à Lyon, Bilbao, Clermont-Ferrand et d’autres rendez-vous cinématographiques internationaux, le film a rapidement attiré l’attention. Aujourd’hui, il est diffusé sur Canal+ et accessible sur myCanal, témoignant de son rayonnement croissant.
Un chemin vers les César
La présélection pour les César marque une étape importante dans la reconnaissance du travail de Théo Vincent. Si la compétition reste rude – avec 5 000 votants du milieu du cinéma appelés à désigner les finalistes d’ici fin janvier – cette nomination souligne déjà le talent du réalisateur stéphanois.
Un cinéaste aux multiples influences
Formé à Sciences Po Lyon avant de compléter un master en cinéma documentaire à Paris, Théo Vincent s’est d’abord fait connaître en réalisant des documentaires pour Arte et France Télévisions. Ce court-métrage, fruit de six années de travail, prolonge une réflexion amorcée lors de ses études, portant sur les primo-arrivants et la manière dont le « ailleurs » s’inscrit dans le paysage parisien.
Un casting singulier
Le film s’appuie sur des interprétations marquantes, notamment celle de Khadim Fall, comédien bruxellois issu du théâtre, et de Bamar Kane, habitué des seconds rôles dans des productions reconnues comme Tirailleurs. À leurs côtés, Banfa Sissoko, un amateur repéré dans le quartier de Château-Rouge à Paris, apporte une authenticité précieuse à l’œuvre.
Une exploration mémorielle
Entre les ruines du bois de Vincennes et les souvenirs de la Casamance, Mémoires du bois capture la trace d’un passé complexe et les questionnements liés au déracinement. Les statues coloniales disséminées dans la végétation de Vincennes deviennent des symboles vivants de ces mémoires que le film ravive avec sensibilité.
Une œuvre en quête de consécration
Le parcours de Mémoires du bois, tout en discrétion et en profondeur, reflète le style de son créateur. Si le chemin vers une statuette aux César reste encore à parcourir, la nomination constitue déjà un hommage à la force et à la subtilité de ce court-métrage. Pour Théo Vincent, cette reconnaissance est aussi une célébration des histoires qu’il porte à l’écran, témoignant des vies qu’il souhaite raconter.