C’est sûrement la meilleure série originale Netflix de l’année, en tout cas la plus captivante. Même si on ne sait pas manier la tour et le fou. Dans un contexte de guerre froide, le personnage de Beth Harmon interprété par Anya Taylor-Joy crève l’écran. La jeune femme devient même une icône féministe en s’émancipant par sa passion. Et ce n’était pas gagné connaissant son passé.
Sans père ni mère désormais, Beth atterrit dans un orphelinat. Monsieur Shaibel, le gardien des lieux, lui enseigne les échecs. La relation entre les deux personnages relève presque de la filiation, un peu comme si cet homme devenait un père adoptif pour l’enfant. Ils n’ont pas le droit de se voir mais dès qu’ils se retrouvent c’est pour jouer aux échecs. Pour l’un comme pour l’autre, cette discipline est en quelque sorte leur raison de vivre, leur passion insatiable.
En grandissant, Beth devient un grand maître en développant une intelligence rare : elle peut jouer aux échecs dans sa tête, sans le matériel nécessaire. Le moment qui m’a captivé, étrangement, c’est le passage où Beth et Bennie Watts dans la voiture se font une partie d’échecs sans échiquier. Où les scénaristes ont bien pu aller chercher une histoire pareille ?
62 millions de personnes ont déjà vu la mini-série, coup de maître pour Netflix
En réalité le personnage de Beth est inspiré de la vraie vie de Bobby Fischer, le génie torturé des échecs. Dans les années 60, le jeu d’échecs était réservé exclusivement aux hommes. L’idée géniale donc de Netflix a été de transposer ce personnage dans le corps d’une femme. La mère de Fischer affirmait que quand elle lui retirait son échiquier, son fils faisait des parties dans sa tête. Plus tard il affrontera le champion russe Boris Spassky. C’etait un enjeu politique entre les deux blocs, américains et soviétiques, le premier qui irait sur la Lune, le premier qui ferait des découvertes en matière de santé, le premier qui gagnerait aux échec… Et c’est en 1972 que Bobby Fischer réalisa une performance incroyable lors du match du siècle. Il terminera sa vie en exil après des déclarations antisémites, une paranoïa notoire et des poursuites judiciaires pour des raisons fiscales.
62 millions de personnes ont déjà vu la mini-série, coup de maître pour Netflix qui ressuscite un engouement pour les échecs qu’on n’avait pas vu depuis le sacre de Bobby Fischer.