Une opposition farouche malgré des concessions
Matignon a renoncé à la hausse controversée de la taxe sur l’électricité, un geste salué par Marine Le Pen. Mais ce retrait n’a pas suffi à apaiser les tensions. « Les dernières annonces aggravent un déficit déjà abyssal », a-t-elle dénoncé sur X (anciennement Twitter), accusant le gouvernement de « précipiter la crise financière générée par sept ans de macronisme ».
Lors de leur rencontre lundi, Marine Le Pen avait soumis au Premier ministre une série de demandes qu’elle considère comme un compromis « raisonnable ». Ces mesures incluent l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation, le maintien des exonérations de charges pour les entreprises et le refus du déremboursement de certains médicaments. Elle propose également de financer ces dépenses par une taxation accrue des transactions financières et des rachats d’actions, ainsi que par une réduction drastique de l’aide publique au développement et des contributions de la France à l’Union européenne.
Une vision budgétaire irréconciliable
Si le gouvernement a amorcé quelques reculs, comme un gel partiel de l’indexation des pensions ou une réduction moins importante des charges patronales, cela reste insuffisant pour Marine Le Pen. Elle dénonce également la hausse votée par le Sénat de la TVA sur l’eau minérale et rejette catégoriquement l’idée de compenser la non-augmentation de la taxe sur l’électricité par une hausse de la fiscalité sur le gaz. « Vous croyez que je vais accepter cette dinguerie ? », a-t-elle lancé.
De son côté, Michel Barnier insiste sur la nécessité de compromis. Selon Matignon, le projet gouvernemental prévoit des efforts budgétaires, notamment la baisse de 2 milliards d’euros des dépenses des agences publiques et de l’aide au développement. Le Premier ministre appelle Marine Le Pen à assumer les conséquences d’un éventuel rejet : « À elle de voir si elle assume le chaos après tant d’années à se présenter comme une opposante crédible. »
Le spectre d’un blocage politique
Dans les rangs de la majorité, on met en garde contre les effets d’un rejet du PLFSS. Matignon souligne que la censure mettrait en péril le financement des retraites agricoles, ferait grimper les taux d’intérêt et imposerait de lourds sacrifices fiscaux, comme une hausse de 3 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu. « Met-on en péril le quotidien des Français sur la base d’un jeu politique ? », s’interroge une source proche du dossier.
Le bras de fer se poursuit
Les discussions entre les conseillers des deux camps devraient se poursuivre tout au long du week-end, mais les positions semblent difficilement conciliables. Marine Le Pen reste inflexible, exigeant des mesures fortes pour préserver le pouvoir d’achat et réduire le train de vie de l’État. De son côté, l’exécutif mise sur l’opinion publique, qu’il estime peu favorable à un blocage institutionnel.
Alors que le vote s’approche, le suspense demeure entier. Si le RN décidait de voter la censure, cela pourrait ouvrir une crise politique majeure, mettant à l’épreuve la solidité de la majorité parlementaire et la stratégie d’opposition du Rassemblement national.