« Vitalina Varela » est un film de Pedro Costa distribué au Portugal en 2019 qui ne sort qu’actuellement en France. Le film relate l’histoire d’une Cap-Verdienne de 55 ans, arrivant à Lisbonne trois jours après les obsèques de son mari, immigré sans elle au Portugal, 25 ans plutôt.
Du vrai cinéma avec les moyens de la vidéo
Pedro Costa a su saisir depuis longtemps les possibilités qu’offrent la vidéo pour tourner des films avec une qualité proche de celle de la pellicule argentique. Cette transition au numérique n’a pas été pour lui, comme pour bon nombre de cinéastes, un passage obligé, mais elle a représenté une vraie opportunité technique, financière et esthétique.
Un film documentaire sous forme de fiction
Le réalisateur a l’habitude d’élaborer chacun des scénarios de ses films sur de longues périodes, à l’endroit même où il souhaite tourner et avec les habitants des lieux filmés ; ceux-ci devenant à la fois les acteurs et les personnages du film qui se construit ainsi peu à peu.
Un cinéma modeste mais d’une grande sophistication
L’un des autres paradoxes du cinéma de Pedro Costa réside dans la modestie des moyens qu’il utilise par rapport à la sophistication du rendu de l’image de ses films. En effet, malgré un budget assez limité (600 000 euros) par la taille réduite de l’équipe technique, la modestie des moyens utilisés et l’absence de “star” au cachet mirobolant, « Vitalina Varela » parvient à offrir une image d’une grande sophistication, en plan séquence fixe, de nuit et en clair-obscur, assez proche de la peinture de Caravage.
Un cinéma de la présence et de la parole murmurée
La majeure partie des dialogues sont des soliloques murmurés, très éloignés de la pratique dramaturgique habituelle. Cela ouvre une voie vers un cinéma différent, décidément novateur. La volonté de Vitalina Varela étant de faire prononcer une messe en souvenir de son mari défunt, la parole à peine audible représente ici la lumière surgissant de l’image ténébreuse. Un très grand film à voir au Méliès de Saint-Etienne à partir du 12 janvier.
Par Richard Clermont