Âgé de 22 ans, ce ressortissant marocain a été entendu mercredi 18 décembre par une juge d’instruction au tribunal judiciaire de Paris. Lors de cet interrogatoire clé, le jeune homme a admis avoir tué la jeune femme, tout en déclarant être incapable de se souvenir des circonstances. Ces aveux partiels interviennent après un long silence depuis sa mise en examen en novembre pour « meurtre accompagné d’un autre crime » et « viol en récidive ».
Une disparition tragique dans le bois de Boulogne
Le drame remonte au 20 septembre, lorsque Philippine, étudiante brillante et appréciée en troisième année de licence à l’université Paris-Dauphine, disparaît alors qu’elle rentrait chez elle dans le 16e arrondissement de Paris. Habituée à emprunter les sentiers du bois de Boulogne pour se promener, elle y aurait croisé la route de Taha O., un sans-abri libéré de prison trois mois plus tôt après avoir purgé une peine de sept ans pour viol.
Son corps est retrouvé le lendemain, partiellement enterré, non loin de son téléphone portable. L’autopsie conclut à une mort par asphyxie. Les enquêteurs de la brigade criminelle de Paris identifient rapidement Taha O. comme suspect grâce à des indices accablants : bornage téléphonique, utilisation de la carte bancaire de la victime, et images de vidéosurveillance. Après une cavale de quatre jours, il est interpellé en Suisse et extradé en France.
Des aveux tardifs mais marquants
Lors de sa mise en examen en novembre, Taha O. avait choisi de garder le silence. Ce mercredi, il a néanmoins admis sa culpabilité, qualifiant ses actes de « monstrueux », tout en affirmant n’avoir aucun souvenir précis. Ce comportement n’est pas sans rappeler une posture adoptée lors d’un précédent procès en 2022, où il avait été jugé pour le viol d’une autre étudiante. Là encore, il avait d’abord nié les faits avant de reconnaître sa responsabilité, tout en se disant incapable d’expliquer son geste.
Ces aveux marquent une avancée importante dans l’instruction, qui doit encore explorer les ressorts de ce nouveau passage à l’acte, notamment par des expertises psychiatriques. Le mobile sexuel reste privilégié, compte tenu des antécédents de l’accusé.
Un débat politique et des zones d’ombre administratives
Le parcours de Taha O., marqué par des placements en foyer et une obligation de quitter le territoire français (OQTF) non exécutée, suscite de nombreuses interrogations. Comment cet individu, condamné pour viol et considéré comme dangereux, a-t-il pu se retrouver libre et croiser la route de Philippine ? Ce manquement a provoqué une vague d’indignation et relancé les débats sur la gestion des délinquants sexuels et le contrôle des étrangers en situation irrégulière.
Par ailleurs, les proches de Taha O., entendus comme témoins, ont été frappés d’une mesure d’expulsion administrative. Selon une source préfectorale, ces expulsions sont en cours vers leur pays d’origine, le Maroc.
Un crime qui bouleverse la France
Le meurtre de Philippine a suscité une vive émotion à travers tout le pays. Étudiante prometteuse, décrite comme « pleine de vie » par ses proches, elle laisse derrière elle une famille et des amis brisés par la tragédie. Cette affaire, au-delà de l’émotion, alimente un débat politique clivant. Certains pointent la nécessité de durcir les lois sur l’immigration et d’intensifier les contrôles, tandis que d’autres insistent sur le besoin de mieux prévenir la récidive des délinquants sexuels.
L’enquête se poursuit, et les investigations promettent d’être longues. Mais pour la famille de Philippine, le principal objectif reste de comprendre, et surtout d’obtenir justice pour leur fille.