
Une mécanique bien rodée
Tout commence le vendredi 6 septembre. Monique, qui attend un colis, reçoit un SMS l’invitant à cliquer sur un lien pour choisir un point de livraison. En payant 1,50 euro, elle transmet alors sans le savoir ses coordonnées personnelles et bancaires. Rapidement prise d’un doute, elle contacte sa banque et fait opposition sur sa carte. « Il n’y avait pas de mouvement sur le compte, j’étais rassurée », se remémore-t-elle.
Mais le lendemain, tout bascule. Monique reçoit plusieurs appels d’un numéro inconnu. Elle finit par répondre. Un homme, qui se présente comme Édouard Masson, prétend travailler pour le service d’opposition des cartes bancaires de la Banque populaire. Il connaît tous les détails de la situation : l’opposition faite la veille, ses informations personnelles… Un discours professionnel, précis, et terriblement convaincant.
Sous couvert d’une prétendue urgence – « les fraudeurs sont en train de vider vos comptes » – le faux conseiller pousse Monique à effectuer six virements instantanés, de 1 000 à 2 000 euros chacun, vers des comptes inconnus. « Il me mettait la pression et voulait aller très vite », explique-t-elle. L’homme termine son appel en rassurant la victime et son mari, affirmant que tout était rentré dans l’ordre.
Une prise de conscience brutale
Ce n’est que plus tard, en discutant avec des proches, que Monique réalise qu’elle a été arnaquée. Mais il est déjà trop tard : nous sommes samedi soir, les banques sont fermées. Si elle parvient à annuler deux virements le mardi suivant, les quatre autres sont irrévocablement débités. Le préjudice final dépasse les 10 000 euros.
Monique, pourtant bien insérée socialement et exerçant un métier intellectuel, avoue sa sidération : « Ils jouent sur la peur et la rapidité. Il m’aurait demandé de faire n’importe quoi, je l’aurais fait. »
Une banque inflexible
Depuis, Monique se heurte à un mur de bureaucratie avec sa banque. Pour elle, ces virements auraient dû être davantage sécurisés. Mais la Banque populaire, contactée, défend son dispositif : « Il n’y a eu aucune faille dans notre dispositif de sécurisation des opérations en ligne. Ni l’appel WhatsApp, ni l’horaire de ce contact ne correspondent à nos pratiques. La responsabilité de notre établissement n’est pas engagée. »
Monique, qui se sent abandonnée par son conseiller, envisage désormais une plainte contre la banque, si la médiation entamée n’aboutit pas.
Une arnaque récurrente
Ce type d’escroquerie n’est pas un cas isolé. Dans la Loire, ces délits se multiplient, exploitant des techniques de plus en plus sophistiquées. Les autorités rappellent l’importance de ne jamais transmettre ses informations personnelles ou bancaires et de vérifier l’authenticité des appels ou SMS reçus.
En cas de doute, les victimes peuvent signaler une arnaque sur le site www.masecurite.interieur.gouv.fr ou contacter les forces de l’ordre pour obtenir de l’aide. Quant à Monique, elle espère que son témoignage permettra d’éviter que d’autres tombent dans ce piège.