Le président Emmanuel Macron, installé dans sa résidence versaillaise, continue d’examiner attentivement les différents scénarios qui s’offrent à lui.
Depuis son retour de Serbie le vendredi 30 août, des proches du chef de l’État laissaient entendre que l’annonce pourrait être imminente. D’autres sources évoquaient plutôt la possibilité d’une nomination avant ce lundi 2 septembre, un jour traditionnellement sacré pour la rentrée des classes en France. Malgré cette attente fébrile, le moment semblait enfin arrivé ce week-end, après plus d’un mois et demi d’incertitude, pour que la France découvre le nom de son nouveau chef de gouvernement. Pourtant, la perspective de voir une fumée blanche s’élever de la Lanterne, la résidence versaillaise où Emmanuel Macron passe ces jours-ci, semble s’éloigner. Le dénouement pourrait être repoussé au-delà de la rentrée scolaire, si l’on en croit l’entourage du président. Peut-être lundi soir, voire mardi ? Une chose est certaine, les élèves connaîtront probablement leurs nouveaux professeurs avant de découvrir l’identité du prochain occupant de Matignon, bien que cette question ne soit pas nécessairement au centre de leurs préoccupations.
Pourquoi une telle attente ? Le président Macron, de son côté, affirme être pleinement engagé dans cette tâche délicate. « Je travaille sans relâche, jour et nuit, pour parvenir à la meilleure solution pour le pays », a-t-il confié lors de son déplacement à Belgrade. « Je pense qu’il a déjà un nom en tête depuis quelques jours, mais il laisse le débat mûrir pour s’assurer que son choix est le bon, et confronter les points de vue », confie un de ses proches. Parmi les noms qui circulent avec insistance, celui du social-démocrate Bernard Cazeneuve semble de plus en plus probable.
Selon un ténor socialiste, Macron a déjà acté, au cours de ses consultations, que le futur Premier ministre ne pourrait pas être un de ses proches amis. Il faudrait plutôt quelqu’un qui, en apparence, pourrait se positionner comme un opposant. Ce profil correspondrait bien à celui de l’ancien Premier ministre de François Hollande, qui a clairement fait savoir que, s’il était nommé, il ne renoncerait en rien à sa fibre de gauche et qu’il serait prêt à jouer le rôle d’un Premier ministre de cohabitation.
Cependant, ce n’est pas de cohabitation au sens classique qu’il s’agit ici, mais plutôt d’une « coalition », comme l’a suggéré un proche du président en forgeant un nouveau terme pour désigner cette troisième forme de gouvernance sous la Ve République : ni une majorité présidentielle classique, ni une cohabitation à la manière des tandems Chirac-Mitterrand ou Chirac-Jospin. Bien que l’hypothèse Cazeneuve semble tenir la corde, rien n’est encore gravé dans le marbre. D’une part, Macron souhaite montrer qu’il garde la maîtrise du jeu. D’autre part, les consultations menées cette semaine à l’Élysée, notamment celle avec Laurent Wauquiez, le chef des Républicains, ont été qualifiées de « moment fondateur » par l’entourage du président.
Comment expliquer cela ? Le fait que Wauquiez campe fermement sur son refus de participer à un gouvernement a permis à Macron de justifier son inclination à se tourner vers le centre-gauche. Ce choix a suscité des réactions tant à gauche, où certains prônent de saisir cette opportunité au lieu de se crisper sur l’option « Castets à Matignon ou rien », qu’à droite, où d’autres, comme Nicolas Sarkozy, continuent de plaider pour la nomination d’un Premier ministre de droite. Pendant ce temps, à la Lanterne, le président Macron continue de réfléchir intensément à la meilleure option pour le pays.