En 2025, la France aura perdu un médecin généraliste sur quatre en vingt ans Le nombre de généralistes a diminué de plus de 8 % depuis 2007. Malgré les aides proposées, les jeunes praticiens rechignent à s’installer en libéral.
Les différentes aides financières à l’installation n’y auront rien changé : la France manque toujours de médecins généralistes. Leur nombre a diminué de 8,4 % entre 2007 et 2016, selon les chiffres publiés jeudi 2 juin par le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) dans son atlas de la démographie médicale.
Liée au non-remplacement d’une partie des départs à la retraite, cette chute « inexorable » et « préoccupante » devrait même se poursuivre jusqu’en 2025 et se traduire par « la perte d’un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-2025 », estime l’ordre.
Car si un numerus clausus longtemps insuffisant explique en partie le phénomène, le manque de candidats est aussi en partie dû aux aspirations des jeunes générations de médecins à exercer leur métier autrement. Notamment, en ne négligeant pas leur qualité de vie professionnelle et personnelle.
Manque flagrant de médecin à Saint-Étienne
Nos confrères Le Progrès ont interrogé Patrick Michaud, adjoint au maire en charge de la santé : « Ceci étant, cette pénurie ne touche pas uniquement notre région et notre ville. Les déserts médicaux concernent les campagnes, mais aussi les grandes villes. Pour comprendre, il faut remonter aux années 1970, époque où le numerus clausus a été instauré sur demande des médecins eux-mêmes afin de limiter la concurrence. Cette démarche a été suivie par une idée que je qualifierais de purement libérale, consistant à penser que moins il y aurait de médecins, moins il y aurait de dépenses de santé. Ainsi, en 1971, on avait 8 000 étudiants qui passaient en deuxième année, et on est tombé à 3 500 dans les années 1990 ».
Les quartiers Stéphanois qui manquent cruellement de médecins
L’ARS indique que Saint-Étienne compte 112 médecins pour 100 000 habitants. Bel-Air, Côte-Chaude, Le Grand-Clos n’ont aucun médecin. Le quartier de Solaur n’a qu’un praticien qui va bientôt partir à la retraite.
Que pourrait faire la mairie ?
La ville de Saint-Étienne pourrait accompagner les professionnels de santé qui voudraient s’installer en maison pluriprofessionnelle comme celle de Montreynaud. D’après l’enquête de l’ARS, Saint-Étienne manque cruellement de généralistes, de dermatologues, d’orthophonistes ou d’ophtalmologues.
Les jeunes diplômés partis à l’étranger
Reste à voir quel serait l’effet de cet appel d’air sur le flux de diplômés étrangers, qui n’a cessé de progresser au cours de la décennie écoulée, porté notamment par les nombreux jeunes français partis étudier en Europe afin de contourner le « numerus clausus » alors en vigueur dans l’Hexagone, avant de revenir s’y installer.
C’est particulièrement vrai pour les dentistes, dont les effectifs devraient a priori gonfler de 48 % d’ici 2050, mais de seulement 5 % sans diplômés étrangers – avec un creux jusqu’en 2040 environ. Même chose pour les sages-femmes, dont le nombre n’augmenterait que de 19 % sur la période, au lieu de 27 % avec les diplômés étrangers.