
Retour sur une opération complexe impliquant évacuation, robots et intervention coordonnée entre l’État et l’industriel KNDS.
Une découverte inattendue sous une tourelle
C’est lors d’une opération de dépollution menée par l’industriel KNDS (ex-Nexter) sur une partie du champ de tir inexploitée que l’explosif a été découvert. Cette obligation légale, initiée en 2023, a pris une tournure inattendue lorsque les équipes ont attaqué le puits d’une tourelle. Là, sous terre, une matière suspecte et en quantité surgit : il s’agit de mélinite, un explosif connu pour sa puissance supérieure à la TNT.
L’origine exacte de cette matière explosive demeure inconnue. Provenait-elle d’obus de la Première Guerre mondiale ou d’armements plus récents fabriqués après la Seconde Guerre mondiale par le Giat ? Impossible de le déterminer avec certitude, mais une chose est sûre : elle dormait sous terre depuis plusieurs décennies.
Un risque majeur pour la population
Dès sa mise au jour, la mélinite a représenté un danger. « Tant qu’elle était enfouie sous terre, avec un taux d’humidité constant, il n’y avait pas de problème. Mais une fois exposée, le risque devenait important », explique Pierre Polge, chef d’unité Loire/Haute-Loire à la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).
Les analyses ont révélé la présence d’au moins 230 kg d’explosifs, probablement plus. La situation a nécessité la mise en sécurité immédiate du site via un arrêté d’urgence, suivi d’une évacuation préventive d’un hameau voisin.
Des moyens techniques impressionnants
Pour neutraliser cet explosif, des moyens techniques exceptionnels ont été mobilisés. Des robots spécialisés sont intervenus sur place pour minimiser les risques humains. Par ailleurs, une route a été coupée et les habitants du hameau environnant ont été temporairement évacués.
La collaboration entre l’État et l’industriel KNDS a permis une gestion rigoureuse de ce « risque majeur ». Le site a désormais été sécurisé, mettant un terme à cette découverte explosive.
Un travail de longue haleine
Si cette découverte rappelle les vestiges explosifs du passé industriel et militaire de la région, elle souligne aussi l’importance des opérations de dépollution engagées par les industriels. Le chantier de Langonand, déjà programmé pour durer plusieurs mois, a donc pris une ampleur inattendue mais nécessaire pour garantir la sécurité des riverains.
Pour sécuriser 300 kg d’explosifs découverts sur le champ de tir de Langonand, un dispositif exceptionnel a été mis en place : route coupée, hameau évacué et intervention de robots spécialisés. Retour sur une opération délicate qui s’est déroulée de mi-mars à fin avril.
Un dispositif de sécurité hors norme
La neutralisation de la mélinite, un explosif hautement instable, a nécessité une logistique sans faille. Afin de stabiliser la situation avant l’opération, un mur en sacs de sable a été monté côté voirie, et une retenue d’eau a été installée pour maintenir l’humidité sur l’alcôve. Des relevés de température ont également été réalisés quotidiennement par des équipes sur place.
Face aux incertitudes sur la quantité exacte d’explosif et les effets du temps sur sa stabilité, les experts ont retenu une solution radicale : le brûlage sur site, par petits lots de 5 kg.
Un périmètre de sécurité strict : hameau évacué et route fermée
La sécurité a imposé un périmètre de 500 mètres autour du site. Deux points critiques ont été identifiés :
• La route de Langonand, reliant Sorbiers à Saint-Chamond,
• Un hameau de quatre habitations, situé sur le versant opposé de la vallée.
Pendant six semaines, l’axe routier a été coupé et les habitants du hameau ont dû évacuer chaque jour de 8 heures à 16 heures. Une contrainte acceptée par les riverains, malgré une légère frayeur : « Annoncer l’évacuation du hameau à la radio ? Autant mettre un panneau “Cambrioleurs, c’est par ici !” », ironise l’un d’eux.
Pour s’assurer qu’aucun habitant ne reste sur place, les autorités ont déployé des drones équipés de caméras thermiques et des patrouilles de gendarmerie. « Ça ne rigolait pas ! », témoigne un paysagiste du hameau de la Pacotière.
Des robots pour une mission délicate
L’opération a nécessité la conception de robots spécifiques. L’un a extrait la mélinite du puits pour la transférer dans un godet, qui la transportait jusqu’au site de brûlage. Une manœuvre minutieuse, qui s’est déroulée sans accroc, sous la surveillance des équipes spécialisées.
Un bilan maîtrisé et des riverains dédommagés
Malgré les contraintes, les habitants se disent satisfaits de la gestion globale de l’opération. La préfecture a pris en charge les repas et les frais kilométriques des riverains ayant trouvé refuge chez leurs proches.
Aujourd’hui, le risque d’une explosion qui aurait pu détruire les corps de ferme centenaires est définitivement écarté. Seules les détonations habituelles, liées à la reprise des activités du champ de tir cet été, rappellent encore aux habitants de la Pacotière le passé militaire du site.
Un paradis préservé
Si le pire a été évité avec la mélinite, les habitants du hameau se souviennent d’une autre menace, plus ancienne : le projet d’autoroute A45, qui devait passer à seulement 100 mètres de leur havre de paix. Pour eux, Langonand a retrouvé sa tranquillité, et leur petit coin de paradis est aujourd’hui préservé.