
Entre protestations, tensions et intervention policière, la séance a tourné au psychodrame autour d’un projet immobilier controversé qui divise la ville.
Des retraités mobilisés contre l’urbanisation du centre de loisirs
Au cœur de la discorde : le projet SCABB Valley porté par David Despinasse, nouveau dirigeant du club de basket local. Cette ambitieuse opération immobilière prévoit d’occuper deux hectares sur les huit que compte le centre aéré Bujarret, suscitant la colère d’un collectif de retraités, anciens membres du comité interentreprises de Creusot Loire.
Ces derniers, organisés en groupe de pression, se sont présentés dans l’hémicycle munis d’une banderole au message sans équivoque : « Ne touchez pas au centre aéré ! » Leur détermination silencieuse a immédiatement créé un malaise palpable avant même l’ouverture officielle des débats.
Une vente historique assortie de garanties non respectées
L’origine du conflit remonte à 2008, lorsque ces anciens salariés avaient cédé symboliquement pour un euro ces terrains à la municipalité. Cette transaction s’accompagnait d’engagements formels, scellés par protocole d’accord et acte notarié, garantissant le maintien de la vocation sociale du site pendant trente années.
Or, le projet Despinasse, qui combine hôtel, siège social, centre de formation, hébergement et espace commercial, ne correspond nullement à cette mission sociale originelle selon les contestataires. Pour eux, cette reconversion représente une trahison des engagements pris par la collectivité.
L’opposition municipale dénonce une gestion autoritaire
Les élus d’opposition, menés par l’écologiste Jean Minnaert et Christiane Massardier (Saint-Chamond pour tous), ont tenté d’inscrire cette question à l’ordre du jour. Ces deux formations, récemment alliées en vue des prochaines échéances municipales, reprochent au maire Axel Dugua d’avoir reporté le débat au conseil de septembre 2025.
Christiane Massardier a vivement critiqué cette stratégie d’évitement, y voyant un mépris à l’égard des anciens personnels des comités d’entreprise et envers les élus de cette assemblée » Elle déplore également avoir découvert l’existence du projet par voie de presse plutôt que par information officielle.
Escalade vers l’intervention des forces de l’ordre
Face à la persistance de la banderole, le maire a invoqué l’article 10 du règlement intérieur interdisant toute manifestation d’opinion dans l’enceinte municipale. Menaçant de faire appel aux forces de l’ordre en cas de refus d’obtempérer, il s’est heurté à la résistance passive des manifestants.
Ces anciens syndicalistes, aguerris par des décennies de luttes sociales, n’ont pas cédé aux injonctions. Axel Dugua a alors suspendu la séance et requis l’intervention de la police municipale. Plusieurs agents ont investi la salle pour tenter de raisonner les protestataires et les évacuer.
Confusion générale et solidarité politique
Cette intervention musclée a provoqué l’indignation de Jean Minnaert, qui s’est emparé de la banderole en déclarant : « Ils ne disent rien de mal. Maintenant, j’ai la banderole, c’est moi qui dois être viré ! » L’élu écologiste dénonçait ainsi une méthode qu’il jugeait disproportionnée face à une protestation pacifique.
Même Isabelle Surply, représentante de l’extrême droite locale, a critiqué la gestion de crise du maire, suggérant de donner immédiatement la parole aux opposants pour désamorcer la tension. Elle plaidait pour une approche plus démocratique face à « des habitants qui ont besoin et envie de s’exprimer ».
Report sine die et frustration des contestataires
Malgré les pressions, le maire a maintenu sa position, ne concédant qu’une prise de parole lors du conseil du 30 septembre prochain, en présence du promoteur. Cette intransigeance a poussé le collectif à quitter les lieux, frustré de ne pouvoir présenter la déclaration qu’il avait préparée.
André Moulin, porte-parole du groupe, a qualifié la situation de « ridicule » avant de plier bannière. Une rencontre est prévue le 17 juillet en mairie, mais les contestataires maintiennent que leur unique interlocuteur légitime reste la collectivité locale, non le promoteur privé.
Un automne sous haute surveillance
La polémique n’est manifestement qu’à ses prémices. Le conseil de septembre s’annonce déjà comme un nouveau terrain d’affrontement entre partisans et opposants du projet. Cette mobilisation citoyenne témoigne des tensions croissantes autour de l’urbanisation des espaces à vocation sociale dans les communes de la Loire.