
Celui qui a dirigé la ville de 1994 à 2008 revient sans concession sur son action, ses réalisations, mais aussi sur la situation actuelle d’une ville qui, selon lui, a grand besoin de retrouver ambition et sérénité.
« Faire entrer le lecteur dans la salle des machines »
Avec ce nouvel ouvrage, Michel Thiollière souhaite partager son expérience et dévoiler les coulisses du développement urbain. « J’ai voulu faire entrer le lecteur dans la salle des machines. J’ai souhaité que les personnes intéressées par le développement d’une ville, d’une agglomération, puissent se rendre compte de la façon dont ça se passe, » explique-t-il au Progrès.
L’ancien maire, qui a également été sénateur de la Loire et président de la Métropole de Saint-Étienne, livre ainsi un témoignage précieux sur les mécanismes de transformation d’une ville post-industrielle. Des projets inachevés et une vision pour demain
Durant ses mandats, Michel Thiollière s’était fixé comme objectif de « réinventer » Saint-Étienne, de la faire entrer dans le XXIe siècle tout en préservant son ADN. Interrogé sur d’éventuels regrets, il évoque sans détour quelques projets qui lui tenaient à cœur mais n’ont pas vu le jour.
« J’aurais aimé prolonger le cours Fauriel jusqu’à la place Chavanelle, qu’il y ait un tramway qui aille du centre-ville jusqu’aux quartiers sud-est. J’aurais aimé faire devant le musée d’Art moderne un grand parc public avec des activités de recherches, » confie-t-il au journal Le Progrès.
Ces projets témoignent de sa vision d’une ville connectée, où la mobilité et la culture occupent une place centrale dans la redynamisation urbaine.
L’affaire Perdriau : un coup d’arrêt pour la ville
Mais c’est sur la situation actuelle que Michel Thiollière se montre le plus inquiet. Sans ambages, il évoque « l’affaire Perdriau » (du nom de l’actuel maire de Saint-Étienne, impliqué dans un scandale de chantage à la sextape) comme le point de départ d’une spirale négative.
« À côté de ça, vous avez le désastre de la vie municipale qui fait qu’on est marginalisés parmi les grandes villes à cause de cette sinistre affaire de la présumée sextape. Depuis, on a l’impression que la ville est montée sur un toboggan pour une descente infernale qui n’en finit pas. C’est triste car les Stéphanois ne le méritent pas. » Ces propos forts témoignent de la préoccupation de l’ancien édile pour sa ville, dont l’image a été ternie par ce scandale politique.
Repenser le centre-ville et l’équilibre commercial
Pour Michel Thiollière, le redressement de Saint-Étienne passe par une réflexion profonde sur son centre-ville et son développement commercial. « Il faut qu’un centre-ville ait des fonctions majeures en termes culturels, en termes d’attractivité, notamment concernant la qualité des espaces publics, » explique-t-il. Il cite en exemple la rénovation de la place Jean-Jaurès, réalisée pendant ses mandats : « À mon époque, quand la place Jean-Jaurès a été refaite, les terrasses ont prospéré. »
Concernant l’équilibre commercial, il pointe du doigt un développement excessif en périphérie : « Concernant la question des commerces, ils ne viennent pas s’il n’y a pas d’attractivité. Il y a aussi une politique commerciale sur la périphérie où il y a eu trop de surfaces commerciales. Steel, Monthieu, Ikea, Villars qui se développe, ça fait beaucoup pour une ville dont le pouvoir d’achat et la population n’ont pas augmenté. »
Un appel à retrouver ambition et sérénité
À travers cette interview et son ouvrage, Michel Thiollière lance un appel à tous les acteurs de la vie stéphanoise. Pour lui, la ville a besoin de retrouver une ambition collective et la sérénité nécessaire pour construire son avenir.
L’ancien maire, qui a contribué à des projets emblématiques comme la Cité du Design ou la rénovation du quartier de Châteaucreux, estime que Saint-Étienne possède tous les atouts pour rebondir, à condition de tourner la page des scandales et de se projeter à nouveau vers l’avenir.
Saint-Étienne. Une ville, des horizons de Michel Thiollière est disponible aux éditions Libel.