Le gouvernement a annoncé que la prime, jusqu’ici fixée à 6 000 euros, sera réduite à 5 000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés, et à 2 000 euros pour celles dépassant ce seuil.
Des économies budgétaires malgré des résultats records
Malgré un record de plus d’un million d’apprentis en 2024, le ministère du Travail a choisi de réduire le budget alloué à ces primes d’embauche, économisant ainsi 1,2 milliard d’euros.
Pour les petites et moyennes entreprises, cette décision apparaît comme un moindre mal. Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la CPME, se montre pragmatique :
« Le choix de limiter la baisse de l’aide permet de préserver l’apprentissage dans les PME, qui emploient près de 70 % des apprentis. »
Cependant, cette décision n’est pas sans conséquence. À Saint-Étienne, comme dans d’autres territoires, des voix s’élèvent pour dénoncer l’impact potentiel sur les entreprises et les jeunes en formation.
Incertitudes et risques pour l’apprentissage
Dans les entreprises de plus de 250 salariés, où la prime est divisée par trois, le risque d’une diminution des offres de contrats est bien réel. Une porte-parole de l’association 3E, qui regroupe plusieurs organismes de formation, souligne :
« On redoute déjà une chute du nombre d’étudiants dans les centres de formation. Les entreprises hésitent à embaucher tant que les règles ne sont pas claires. »
À Saint-Étienne, les CFA (centres de formation d’apprentis) se disent préoccupés. « Nous avons des échanges réguliers avec les entreprises locales, et beaucoup d’entre elles préfèrent attendre des précisions avant de s’engager », confie un formateur du secteur industriel.
Le retard dans la publication du décret, prévue seulement pour janvier 2025, alimente également ces inquiétudes. Olivier Babeau, économiste et directeur de l’Institut Sapiens, insiste sur la nécessité de règles claires :
« Dans l’incertitude, les entreprises préfèrent s’abstenir. Cette situation est d’autant plus critique dans un contexte de croissance faible. »
Saint-Étienne face à un défi pour l’emploi des jeunes
Alors que la ville de Saint-Étienne mise depuis des années sur l’apprentissage pour dynamiser l’emploi des jeunes, cette baisse des aides pourrait ralentir ces efforts. Les entreprises stéphanoises, souvent marquées par une forte culture industrielle et artisanale, s’interrogent sur leur capacité à maintenir leurs recrutements d’apprentis dans ce nouveau contexte.
Cependant, certains acteurs se montrent optimistes, espérant que l’engagement des entreprises locales, couplé aux efforts des institutions de formation, permettra de limiter l’impact de cette réforme.