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Carole Darmon, victime d'une erreur médicale en 2008. Un médecin et l'ap-hp viennent d'être renvoyés en correctionnelle. Le papier, à paraître le 26 décembre, est dans arc.
La juge d’instruction a ordonné le renvoi du Dr Tarik S., neurologue, et de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) devant le tribunal correctionnel pour blessures involontaires. Une décision qui fait écho à des années de lutte menées par le père de la victime, Bernard Elhaik, pour obtenir des réponses sur les circonstances de ce drame.
Une erreur de diagnostic fatale
Tout commence le 14 mars 2008, lorsque Carole Darmon, 35 ans, se présente aux urgences de l’hôpital Bichat (Paris XVIIIe) avec de violents maux de tête. Elle venait d’accoucher de son quatrième enfant. Le lendemain, le Dr Tarik S., neurologue de garde, analyse une IRM qui lui semble normale et autorise la patiente à rentrer chez elle. Toutefois, les experts mandatés ultérieurement ont identifié des anomalies « discrètes mais indiscutables » qui auraient pu déceler une angiopathie aiguë réversible, une pathologie rare liée aux suites d’un accouchement.
Le lundi 17 mars, réalisant l’erreur, le Dr S. demande à Carole Darmon de revenir pour effectuer une artériographie. Mais, alors qu’elle est à l’hôpital, elle est frappée par une hémorragie cérébrale massive. Plongée dans un coma profond, puis dans un état végétatif, elle décède huit ans plus tard, le 6 novembre 2016.
Des fautes combinées et un combat judiciaire sans relâche
L’instruction a révélé des défaillances à plusieurs niveaux. La juge d’instruction pointe une faute d’inattention dans l’interprétation de l’IRM par le Dr S., mais aussi un dysfonctionnement organisationnel au sein de l’AP-HP. Aucun protocole clair n’existait alors entre les services de neurologie et d’imagerie pour la répartition des examens. « Il n’y a pas eu de soins diligents et adaptés à l’état potentiellement grave de la patiente », déplore la magistrate.
Pour Bernard Elhaik, chirurgien-dentiste et père de la victime, ce drame a été « une destruction familiale ». Persuadé que la radiologue ayant décelé l’anomalie était présente à l’hôpital dès le samedi, il a multiplié les actions : recours contre un non-lieu initial, engagement d’un détective privé, et publication d’un livre, La vérité pour ma fille. « Mon combat n’est pas terminé », affirme-t-il, regrettant que le procès soit limité aux blessures involontaires alors que sa fille est décédée.
Un procès attendu et des positions divergentes
La date du procès n’est pas encore fixée, mais les avocats des parties affichent des positions tranchées. Me Romain Boulet, représentant la famille Darmon, dénonce un « procès a minima » et une justice insuffisante. De leur côté, Me Benoît Chabert pour l’AP-HP et Me Bernard Grelon pour le Dr Tarik S. entendent plaider leur non-responsabilité.
En toile de fond, ce procès interroge les pratiques hospitalières et le rôle des protocoles médicaux pour éviter de tels drames. « Chaque minute compte dans ce type de pathologie », rappelle la juge d’instruction. Pour les proches de Carole Darmon, le temps a été leur pire ennemi, autant dans les faits que dans la recherche de la vérité.