
Une mesure justifiée par des arguments écologiques et économiques, mais qui divise les habitants. Si la municipalité évoque un « sentiment d’insécurité », de nombreux riverains dénoncent une augmentation des actes de délinquance.
Des incidents réguliers dénoncés par les habitants
Aurélie, résidente de la rue des Alliés, raconte ses mésaventures. « Dès que l’éclairage public s’éteint, on ne voit plus rien. C’est angoissant », confie-t-elle. Les incidents, eux, se multiplient : vitres brisées, voitures désossées, rétroviseurs cassés. Aurélie a elle-même été victime d’un acte de vandalisme. « Mon rétroviseur a été arraché. Ça coûte des centaines d’euros à réparer. Alors, je l’ai rafistolé avec du ruban adhésif. » explique tel au Progrès.
Farid, un autre habitant, préfère éviter le problème en se garant à 750 mètres de chez lui, près de la place Jean-Doron. « Ici, on retrouve du verre brisé tous les jours. Je préfère finir à pied dans le noir que risquer des dégâts sur ma voiture. »
La municipalité relativise
Face aux plaintes, Charles Dallara, adjoint au maire en charge de l’éclairage public, tente de rassurer. « C’est un sentiment d’insécurité, pas une insécurité réelle », affirme-t-il, chiffres à l’appui. « Entre début 2023 et fin 2024, nous n’avons reçu que 30 signalements pour toute la ville. » annonce t’il au Progrès.
Pour lui, la mesure d’extinction n’est pas responsable des actes de vandalisme. « Désosser une voiture nécessite de la lumière, pas l’obscurité », explique-t-il. Il rappelle également que la délinquance existe dans toutes les grandes villes, indépendamment des décisions prises sur l’éclairage.
Une mesure sous surveillance
L’extinction de l’éclairage concerne plusieurs quartiers de Saint-Étienne entre minuit et 4 heures, et jusqu’à 5 heures dans certaines communes associées comme Rochetaillée. Les abords des lignes de tram sont quant à eux légèrement épargnés, avec une extinction de 1 h 30 à 4 heures.
La municipalité reste néanmoins attentive. Charles Dallara souligne « le travail de la police nationale », qui a récemment démantelé deux gangs spécialisés dans le désossage de véhicules. Il promet de nouvelles mesures si la situation ne s’améliore pas dans les prochains mois, sans pour autant donner de détails.
Entre écologie et sécurité
Cette situation met en lumière le dilemme entre économies d’énergie et sécurité publique. Si certains habitants appellent à un retour à l’éclairage nocturne, la municipalité invite à un changement d’habitudes. Mais pour Aurélie, Farid et d’autres riverains, le noir reste source d’angoisse et de frustrations. La question reste ouverte : l’obscurité peut-elle vraiment être sans conséquence ?