
“Je commence tout juste à réaliser”
Avec seulement une heure de sommeil depuis son couronnement, Angélique enchaîne les interviews, photos et obligations protocolaires. “C’est le week-end le plus long de ma vie, et peut-être le plus heureux”, confie-t-elle, sourire aux lèvres malgré la fatigue. Lorsqu’on lui demande si elle réalise pleinement sa victoire, elle répond avec sincérité : “Tout doucement. Petit à petit.”
Cette élection est l’aboutissement d’un rêve entamé à l’âge de 20 ans. “À l’époque, j’étais première dauphine de Miss Martinique. Puis la limite d’âge a rendu ce rêve inaccessible pendant longtemps. Le véritable déclic, je l’ai eu cette année, pendant la préparation de Miss France, en voyant l’hommage à Geneviève de Fontenay. J’ai eu des frissons et je me suis dit : ‘Et si c’était moi ?’”
“Au nom de toutes les femmes à qui on a dit : c’est trop tard”
Son discours, particulièrement marquant, a été salué pour sa puissance et son authenticité. “Cette phrase, ‘au nom de toutes les femmes à qui on a dit : c’est trop tard’, je l’ai ajoutée la veille ou l’avant-veille, presque par hasard. J’ai pensé à toutes ces femmes, dont je fais partie, à qui on dit qu’après un certain âge, il est trop tard pour tout : avoir un enfant, changer de carrière, déménager. Oui, j’ai entendu ces phrases, et elles finissent par peser, même si ce n’est pas toujours malveillant.”
Sa victoire est un symbole : “Je veux montrer qu’il n’y a pas d’âge pour accomplir ses rêves, pour être une femme affirmée et fière.”
Un changement de regard sur elle-même
Depuis un mois, Angélique dit avoir profondément changé : “Pendant la préparation de Miss France, j’ai appris à me voir différemment. Je m’étais dit que, même si je ne gagnais pas, je voulais revoir ma garde-robe, qu’elle soit plus féminine et affirmée, davantage de mon âge. Je maquille aussi moins, car j’ai compris que ma beauté est là, quoi qu’il arrive.”
Comparant son expérience actuelle à sa première tentative en 2011, elle observe une évolution dans le rôle des Miss : “Aujourd’hui, on peut davantage s’exprimer, affirmer sa personnalité. Une Miss peut être une femme avec du caractère, bien dans ses talons, qui se fait respecter et entendre.”
Une fierté martiniquaise, une identité forgée en Île-de-France
Angélique, qui a grandi à Vauréal dans le Val-d’Oise, porte fièrement ses racines martiniquaises : “À Vauréal, mon père avait créé une association antillaise, et j’ai grandi dans cette culture, entre la métropole et les Antilles.” Mais c’est lorsqu’elle s’est installée en Martinique il y a deux ans que tout a changé : “Je savais que m’installer là-bas déclencherait de bonnes choses, mais je ne pensais pas à ce point. J’ai lâché prise, et j’ai trouvé une autre version de moi-même. La Martinique est mon coin de paradis.”
Elle parle de son île avec amour : “Je dis toujours à mes passagers de ranger leur Guide du Routard et de se perdre. Il faut explorer, du Nord aux sentiers moins connus jusqu’au Sud plus touristique. C’est l’île aux fleurs, mon petit caillou à moi.”
Une Miss proche des autres
Lors de son élection, Angélique était en tête du vote du jury, présidé par Sylvie Vartan, et en deuxième position auprès du public. “C’est très touchant, peut-être que mon discours a fait écho chez ces femmes du jury. Mais je veux toucher tout le monde, des adolescents aux personnes âgées.”
Très investie auprès des autres candidates, elle se souvient : “Je voulais qu’on forme un vrai groupe. Si une Miss pleurait, j’allais la voir. Si une autre avait mal aux pieds, je la massais. Nous étions unies.”
Avec sa première dauphine, Sabah Aïb, Miss Nord-Pas-de-Calais, Angélique partage un moment fort juste avant le couronnement : “Elle me disait que je méritais la couronne, et je lui disais qu’elle allait être la poupée du peuple. On s’est envoyé beaucoup d’amour.”
“Il n’y a pas d’âge pour être une vraie femme”
En incarnant Miss France à 34 ans, Angélique Angarni-Filopon redéfinit les standards : “Une vraie femme, c’est une femme bien dans ses talons, qui s’impose et se respecte. Il n’y a pas d’âge pour cela. Je l’ai appris en voyant les plus jeunes Miss de cette promotion, qui avaient un sacré caractère malgré leurs 18 ans. Nous sommes toutes capables de briller, quel que soit notre âge.”
Miss France 2025 n’est pas seulement une victoire personnelle pour Angélique. Elle incarne un message universel de résilience, de courage et de fierté féminine. “C’est peut-être le début du chapitre le plus beau de ma vie”, conclut-elle.