
Parisian typical café terrace
Le texte reprend une expérimentation qui permettait de créer une licence IV dans les villages où il n’y en avait plus. Une initiative qui semble pourtant passer à côté du véritable enjeu. « C’est vrai que le maintien des lieux de vie, comme les bistrots, dans nos petites communes est un vrai sujet », reconnaît Marc Lapallus, maire de Cuinzier et président des maires ruraux de la Loire. Mais il précise immédiatement : « Quand on regarde bien, l’obtention de la licence IV, c’est presque ce qu’il y a de plus simple à gérer. Le vrai problème, c’est de trouver un gérant qui tienne la route et de le garder. »
Un modèle économique fragile
Pour qu’un bistrot rural survive, « il faut que le gérant puisse vivre de cette activité », souligne M. Lapallus. « Ce qui n’est pas aisé dans nos petites communes où les habitants réclament des lieux de rencontre, mais ne s’y rendent pas. On ne va plus au bistrot comme c’était le cas avant. »
Marc Lapallus est directement confronté à cette problématique : la personne qui gère le bar de Cuinzier s’en va en juillet prochain, après quatorze ans de présence. « C’est une perle ! J’avais trouvé une jeune retraitée pour tenir le bar qui est installé dans un local appartenant à la commune. C’est quelqu’un qui avait déjà tenu ce genre de commerce. Et comme elle touchait une pension de retraite, elle avait déjà un revenu », explique l’élu.
À la recherche de solutions innovantes
La commune s’interroge désormais sur différentes options : « On a des candidats à la reprise, mais on hésite car cela ne pourra être qu’un bar. Nous avons déjà une épicerie et il n’est pas question de déshabiller un commerce pour en habiller un autre. » Parmi les pistes étudiées : « un bar communal ou l’ouvrir via le mode associatif, comme cela se fait dans certains villages voisins. »
Écoche : quand une commune investit massivement
À quelques kilomètres de Cuinzier, Écoche (500 habitants) a fait un choix radical pour maintenir son commerce. Face au départ en retraite de la propriétaire du bar-épicerie, la municipalité a acquis un bâtiment en plein cœur du village pour y créer des appartements et installer un nouveau commerce au rez-de-chaussée.
Un investissement colossal de près de 800 000 euros, subventionné à hauteur de 450 000 euros. « C’est le plus gros projet des derniers mandats », affirme le maire Jean-Charles Butaud, qui justifie cette décision : « Le village a toujours eu un bar qui fait aussi de la petite restauration et épicerie, ce qui est important pour les personnes âgées qui ne peuvent plus se déplacer. On a une école, une crèche et une douzaine d’associations. Écoche est un village qui vit et on voulait absolument conserver ce commerce. »
De la plume au comptoir : la reconversion d’un journaliste
Le nouveau gérant du bar d’Écoche n’est autre que David Tapissier, ancien journaliste au Progrès pendant plus de vingt-cinq ans, qui a choisi de se reconvertir. « J’ai une résidence dans la commune depuis une quinzaine d’années et c’est un village que j’aime bien, car il est dynamique et vivant », explique-t-il.
Sa formation initiale dans le management hôtelier et la restauration, avant sa carrière de journaliste, lui confère un atout. « J’ai l’idée d’en faire un lieu de rencontre afin que tout le monde puisse y venir et d’en refaire le cœur du village », partage David Tapissier, qui ouvrira son établissement le 15 mai.
L’ancrage local, un facteur clé de succès
Pour le maire d’Écoche, le profil de David Tapissier est idéal : « L’avantage, c’est que David connaît bien la commune et ses habitants. Il sait ce que les gens attendent et n’aura pas besoin d’une période d’adaptation. »
Le principal intéressé voit dans cette reconversion une continuité de son parcours : « C’est un projet qui donne du sens à ma vie. J’ai fait du lien durant toute ma carrière de journaliste et je vais continuer à en créer d’une autre manière. »
Entre nostalgie et réalité
Ces exemples illustrent bien le dilemme des bistrots ruraux : les habitants souhaitent maintenir ces lieux emblématiques de la vie sociale française, mais les habitudes de consommation ont évolué. Pour survivre, ces établissements doivent souvent diversifier leurs activités et compter sur des gérants profondément impliqués dans la vie locale.