
Le décor : Apocalypse Béton
Imaginez le tableau : un immeuble de 45 mètres de haut en plein ravalement, des barrières orange fluo qui rivalisent avec les plus belles œuvres d’art contemporain, et une bande-son ininterrompue de marteaux-piqueurs qui feraient passer une rave party pour une séance de méditation zen.
« C’est très tendance », explique à nos amis du Progrès, ironiquement Mohammed, riverain philosophe. « Avant, pour vivre l’aventure, il fallait partir à l’autre bout du monde. Maintenant, il suffit de vouloir acheter une baguette chez le boulanger du coin ! »
La quête épique du stationnement
Pour atteindre les commerces de l’avenue, les clients doivent désormais accomplir une quête digne d’un jeu vidéo : trouver LA place de parking mythique. « On a des clients qui ont tourné si longtemps qu’ils ont fini par revenir… trois jours plus tard », plaisante à moitié M. Mohli, vendeur de vêtements depuis 1997.
La légende raconte même qu’un automobiliste cherchant à se garer depuis janvier 2023 aurait été aperçu la semaine dernière, barbe hirsute et regard hagard, murmurant « une place… juste une petite place… »
Le club très fermé des « Je tiens encore debout »
Ahmed, boucher de son état, a inventé un nouveau sport extrême : la survie commerciale en zone de travaux. Avec un chiffre d’affaires en chute libre de 860 000 à 375 000 euros, il pourrait concourir aux Jeux Olympiques de la Résistance Économique.
« J’ai une nouvelle technique de vente », nous confie-t-il avec un humour désespéré. « Je dis à mes clients que la poussière du chantier est en fait un assaisonnement gratuit riche en minéraux. Ça ne marche pas très bien… » Annonce t’il au Progrès.
Les solutions créatives des commerçants
Face à l’adversité, certains commerçants font preuve d’une créativité remarquable :
- La boulangerie propose désormais des « pains barrière de chantier » (longs, orange et durs comme la vie d’un commerçant de l’avenue)
- Le café du coin a créé le « Expresso Marteau-Piqueur » (garantie de rester éveillé 72h)
- La boutique de vêtements vend des t-shirts « J’ai survécu à l’avenue Émile-Loubet et tout ce que j’ai eu, c’est ce T-shirt plein de poussière »
Et demain ?
Pour l’avenir, les commerçants ne demandent qu’une chose : une compensation financière. « À ce stade, même des bons d’achat pour le magasin de boules Quies seraient les bienvenus », soupire un restaurateur anonyme dans les lignes du Progrès.