
Août 1969. De l’autre côté de l’Atlantique, on vit à l’heure du Flower Power. Le mouvement hippie en contestation à la guerre du Vietnam n’a jamais été aussi populaire. Sa devise ? Paix, amour et partage. Pourtant l’Amérique ne sait pas encore qu’elle va connaître le visage de l’horreur.
La nuit du 8 août, dans la propriété du 10050 Cielo Drive sur les collines de Los Angeles, Sharon Tate, épouse de Roman Polanski dont elle attend un enfant, reçoit ses amis. Le réalisateur, absent, est en Europe pour un projet de film. Le coiffeur renommé Jay Sebring, l’étudiant Steven Parent, le scénariste Wojciech Frykowski et l’héritière Abigail Folger sont venus passer la soirée avec Sharon. L’acteur Steve McQueen devait être de la partie mais il a décliné l’offre au dernier moment. En ce début de soirée, l’ambiance est joyeuse. Pour l’instant.
Le triste sort s’acharne sur Sharon qui supplie ses agresseurs de l’épargner
Dans la nuit noire, une voiture se gare en bas de la colline. Tex Watson, Susan Atkins, Linda Kasabian et Patricia Krenwinkel s’introduisent dans la propriété. Ils ont l’air de jeunes hippies sympathiques, en apparence seulement. Quand l’étudiant Steven Parent s’apprête à sortir de la propriété pour rentrer chez lui, Tex Watson lui tire dessus à plusieurs reprises avec un calibre 22. Puis ils entrent dans la maison. Frykowski dort paisiblement sur le canapé. Les trois autres occupants sont amenés de force dans le salon. Sharon Tate et ses amis mourront dans la plus grande barbarie de dizaines de coups de couteaux. Le triste sort s’acharne sur Sharon qui supplie ses agresseurs de l’épargner. Elle est enceinte de huit mois. Attachée d’abord par une corde, elle est poignardée de 16 coups de couteau.
Le lendemain matin, la femme de ménage découvre la scène macabre. La police encadre le périmètre et recueille les premiers indices. Sur la porte d’entrée et les murs, on a écrit « PIG » avec le sang de Sharon Tate. Roman Polanski est rentré en urgence, dévasté. La tragique fin de l’actrice défraye la chronique. L’Amérique est littéralement choquée par ces actes abominables.
L’enquête s’avère très vite infructueuse. On croit d’abord à un crime des Black Panthers. Mais il n’en est rien. Deux mois plus tard, la vérité finit par éclater. Susan Atkins qui a participé aux meurtres est en prison pour vol de voitures. Elle se vante auprès de sa co-détenue des crimes commis la nuit du 8 août. Sans cela, la vérité aurait pu passer à la trappe.
Il s’appelle Charles Manson et il est le commanditaire des meurtres de Shaton Tate et ses amis
Très vite une descente de police s’organise au Spahn Ranch, un ancien studio de cinéma en Californie où une bande de hippies vit en communauté grâce à des petits larcins. Un petit homme aux cheveux longs et à la barbe hirsute se voit menotté et embarqué. Son regard perçant et charismatique en dit long. Il s’appelle Charles Manson et il est le commanditaire des meurtres de Shaton Tate et ses amis. Manson drogue ses disciples pour mieux les endoctriner, des hommes et des femmes de passage ou en rupture avec leurs familles, beaucoup plus jeunes que lui. La secte qu’il a fondé s’appelle « La famille ». Ce dégénéré affirme être l’antéchrist et décripte dans les chansons des Beatles des messages qui lui seraient adressés personnellement. En réalité, c’est un musicien raté qui se venge des producteurs ayant refusé sa musique. La propriété du 10050 Cielo Drive appartenait encore il y a peu au producteur Terry Melcher. Manson n’a fait que montrer au grand jour sa haine et sa frustration de dangereux psychopathe.
Au final, le procès de la famille aura été le plus long et le plus coûteux de l’histoire. D’abord condamnés à mort, les peines de Manson et ses disciples seront commuées en prison à perpétuité. Le gourou est mort derrière les barreaux en novembre 2017. Depuis, il n’en finit plus de fasciner ses fans qui lui rendent un hommage.
Martial Mossmann
Saint-Etienne / Loire.