
Longtemps on a critiqué Amazon, Cdiscount, Fnac.com et les autres. Mais finalement, le click and collect, que ce soit chez les grosses enseignes ou les petits commerces, ne va-t-il pas faire mourir les magasins de proximité, les grandes surfaces et les supermarchés ? Également appelé « check and reserve » ou « click and pick up », (les responsables marketing ne sont pas à l’aise avec la langue française ! ) ce mode de vente permet au client de réserver en ligne un ou plusieurs produits disponibles en magasin. Et de retirer le colis dans le commerce ou au comptoir de ce dernier. On en parle beaucoup depuis le reconfinement, mais il existait déjà, bien avant. Ce mode est certes pratique en temps de crise, mais les clients ne vont-ils pas s’habituer à cliquer, acheter, recliquer, tomber dans les mailles des GAFA, et finalement prendre l’habitude de se faire livrer ce qu’ils pourraient trouver dans les magasins près de chez eux, à côté, en bas de la rue ? Chez Amazon, la livraison peut parfois arriver 12 heures après la commande, en livraison gratuite. Triste réalité pour certains, joie pour d’autres.
La mort du contact, la mort du dialogue, la mort de l’humain. Que ce soit chez le fleuriste en bas de chez nous, le primeur, le fromager (oui on peut faire du click and collecte pour du fromage), on va penser que c’est bien pendant un confinement d’aller « cliquer » pour le petit magasin de quartier, de consommer « local », et puis… ça sauve les commerçants !? Mais derrière le petit fleuriste qu’on va plaindre, il y a un dinosaure, Interflora. Cette grosse enseigne de commande sur internet ne va-t-elle pas asphyxier ce fleuriste qui a pignon sur rue. Alors on transformera ce petit commerce en un espace de stockage de fleurs… Comme Amazon, en fait. Cliquez, commandez et venez le chercher. On ferme boutique et on ne garde que le « collect ».
« Alors, où consommer ? »
Il faut faire vivre les milliers d’hôtesses de caisses des supermarchés, Auchan, Casino, Carrefour, Leclerc…, les marchandiseurs, les étalagistes, les responsables du service après-vente… Des familles entières vivent grâce à ces grands magasins. On peut aimer notre vendeur préféré dans la petite boutique de notre ville; on échange avec lui, on partage. Mais on se dit que ça devient insupportable de chercher une place de parking en cœur de ville. Insupportable, aussi, de traîner la voiture dans un grand parking sans âme de supermarché, avec les fumées, les odeurs. Intolérable de survivre dans une foule de grands magasins, difficile d’attendre à la caisse d’un Séphora, d’un Action ou d’un C&A. Les week-ends, comme la semaine, c’est la foule chez Primark à Lyon. On se bouscule et on attend longtemps pour finaliser la commande. Alors, où consommer ?
« Non je ne sors pas, il fait froid, et puis je vais perdre du temps. Je ne veux plus faire la queue devant les caisses ». Alors, « Clic and Collect ». Je clique, je commande et je vais retirer. Plus de caissières chez Casino. Que des stocks, de la place, et des manutentionnaires qui, à la chaîne, chronométrés, jugés, notés, vont chercher votre objet tant désiré. Voilà la réalité des temps modernes. Alors que faire ? On interdit la vente sur internet ? Pendant le confinement, on limite les achats dans les magasins aux produits dits « essentiels » ?
« Je les mets où mes produits alimentaires « essentiels » si mon réfrigérateur me lâche ? ».
Mais c’est quoi un produit dit « essentiel » ? Des pâtes, du riz, du papier toilette ? « Un produit « essentiel » c’est aussi un parfum pour se sentir bien, du maquillage pour gagner en assurance en société. Un produit dit « essentiel » c’est aussi un réfrigérateur. Je les mets où mes produits alimentaires « essentiels » si mon réfrigérateur me lâche ? ».
« On se lâche et on crache sur un centre commercial qui a du « STEEL »
Voilà la réalité des choses. On discute de produits dits « essentiels », on ferme boutique, on parle de crise des petits commerces du centre-ville, mais on commande nos produits sur Amazon. On se lâche et on crache sur un centre commercial qui a du « STEEL », mais on évite de parler de toutes les familles qui vivent de ces temples de la consommation, des logements qui sont achetés grâce aux emplois créés, de la population qui augmente dans la ville grâce à ces grands espaces de commerces. Cette nouvelle population qui ira peut-être consommer dans le centre-ville. Les commerces du centre-ville se sont-ils posé une seule fois la question de savoir pourquoi on ne voulait plus y consommer ? Faut-il parler de la guerre d’ego des commerçants ? Certains, qui ne veulent pas travailler ensemble, qui ne veulent pas sortir un centime afin de faire briller l’ambiance de la ville ? On va mettre les problèmes sur le dos des politiques alors qu’ils n’ont pas toujours la solution. Ils ne sont pas non plus des chefs d’entreprise. Pas non plus formés à ça. « Nos impôts doivent-ils servir à faire vivre des entreprises ? Faut-il donner à « DORIAN » ? Rappelons-nous la chaîne de télévision, la 5, gérée dans le mauvais sens. La chaîne a rapidement fermé, sans aide de l’état. Pas « essentielle», trop chère, surtout privée. Alors, faut-il augmenter les impôts pour donner à des SAS, des SARL, des PME ? Subventionner parfois, aider certainement. Mais n’est-il pas préférable de donner aux écoles, aux hôpitaux qui en ont bien besoin en ce moment. N’est-il pas important de prendre soin de nos routes, de nos façades, de nos rues, places et trottoirs ?». La consommation va évoluer encore et encore. Boutiques, centres commerciaux, click and collect. Il y aura de la casse. Et c’est parfois le petit qui se tire une balle dans la jambe. Bon clic.