
Le prochain conseil municipal risque d’avoir des échanges brûlants au sujet de la fermeture de la COSEM. Une fin qui laisse certains élus amers. En effet, à l’automne 2020, l’équipe municipale emmenée par le maire, Gaël Perdriau, avait communiqué l’ouverture du centre de santé comme une solution au désert médical stéphanois. Le projet initial prévoyait la présence de 75 praticiens, dont 25 dentistes.
Mais quatre mois plus tard, le centre ne comptait que 27 médecins, dont 12 dentistes, et cinq professionnels paramédicaux. Cela n’a pas empêché la COSEM de connaître le succès à Saint-Étienne, avec entre 200 et 500 patients par mois, et un minimum de trois mois d’attente pour rencontrer un professionnel de la médecine. Le succès de la COSEM dans notre ville fut un véritable triomphe.
La fermeture du centre va laisser sur le carreau de nombreux salariés. Selon la mairie de Saint-Étienne, il en va de l’emploi de 45 personnes dans cette structure qui fonctionnait bien, puisque le centre stéphanois aurait réalisé 150 000 actes médicaux et dentaires en 2023.
Pourtant, malgré une affluence importante de patients, le groupe est placé en redressement judiciaire. Dès 2023, une enquête sur la gestion financière de la COSEM a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), après deux signalements à la justice. Le premier provenait de la Caisse primaire d’assurance maladie de Paris, alertée sur une « suspicion de fraude ». Le second émanait des élus du comité social et économique (CSE) de la COSEM, qui dénonçaient des faits pouvant être qualifiés d’abus de confiance, de prise illégale d’intérêt, d’escroquerie à la Sécurité sociale et de harcèlement moral. Il y a ici de l’agitation dans le secteur de la santé. Du rififi chez les médecins.
Le 29 janvier dernier, lors du conseil municipal, Patrick Michaud, adjoint à la santé à la ville de Saint-Étienne, avait fermement répondu au groupe d’opposition Saint-Étienne Demain avec cette phrase : « il n’y a aucun risque de fermeture des centres COSEM ». Ce dernier, contacté par nos confrères de IF, s’est expliqué : « Je n’ai pas dit ça au hasard, mais parce que moi-même étant inquiet de la situation, j’ai discuté avec les professionnels évoluant là-bas. Et donc, à nouveau, en janvier, les membres du CSE de COSEM Saint-Étienne m’avaient indiqué que les dernières informations qui leur avaient été adressées étaient très rassurantes. D’où mes propos. C’était d’autant plus crédible que la fréquentation était très bonne. » Pourtant, à cette époque, l’annonce de la fermeture de plusieurs centres avait été faite.
» La Ville de Saint-Étienne est ici victime » Patrick Michaud
Patrick Michaud se dit trahi par la COSEM. Car c’est cette association qui est venue voir le maire de Saint-Étienne pour une implantation dans la ville, pas le contraire, explique ce dernier à la presse. « Il s’agissait bien d’un projet 100 % privé. Évidemment, avant de lui accorder notre bienveillance et de les mettre en relation avec le propriétaire des Galeries Dorian, nous avions visité les centres COSEM à Paris. Il y en avait six, et l’activité, le nombre de professionnels : tout était dense, tout semblait ok. Ce qui nous avait mis en confiance. La Ville de Saint-Étienne est ici victime », annonce-t-il chez IF.
Selon la municipalité de Saint-Étienne, trois projets de reprise ont été mis sur la table, avec un point fort pour la reprise : « La fréquentation des centres d’Amiens et de Saint-Étienne ne cessait de monter. Il n’y avait aucune raison de négliger ces offres qui reprenaient, en plus, les dettes. Pourquoi ces offres de reprise ont-elles été écartées ? » explique Patrick Michaud.
Ce 15 février, Gaël Perdriau et la maire UDI d’Amiens, 1ère vice-présidente de la Région Hauts-de-France, Brigitte Fouché, ont cosigné un courrier envoyé au Tribunal de commerce de Paris, adressé aux administratrices judiciaires du dossier, aux juges commissaires et à la procureure. Une copie a été envoyée au président Emmanuel Macron en personne, à Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Solidarité et de la Santé, ainsi qu’à son ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux. Voici le courrier que 42info a pu se procurer.
