
Peut-on avoir des élections municipales anticipées à Saint-Étienne ? La réponse est oui. Pour provoquer de telles élections avant la fin du mandat en mars 2026, un tiers des 59 membres du conseil municipal doit démissionner avant le 31 décembre. Selon les textes législatifs, il faudrait que plus de la moitié des postes de conseillers soient vacants pour que cette possibilité devienne réalité. En rejoignant officiellement l’opposition cette semaine, les 9 élus – ils étaient 10 avant le décès de Denis Chambe en mai – qui s’étaient détachés de la majorité de Gaël Perdriau en janvier, rendent cette hypothèse plus plausible. Le groupe « Saint-Étienne avant tout » a été créé pour exprimer clairement leur désaccord avec la gestion par Gaël Perdriau de l’affaire de chantage à la vidéo intime, pour laquelle il est présumé innocent malgré trois mises en examen.
Huit élus ont renoncé à le titre d’élus
Plus de 10 élus demandent le retrait temporaire du maire de Saint-Étienne le temps que la justice suive son cours. Jacques Guarinos ayant démissionné, les ex-adjoints Nicole Peycelon, Claude Liogier, Robert Karulak, Paul Corrieras, Patrick Michaud et les ex-conseillers délégués Jacques Phromala, Alain Schneider, Jean Jamet et Marie-Eve Goutelle ont aussi quitté leurs postes. Ces 8 élus ont renoncé cette semaine à leurs titres et aux indemnités associées, soit un peu plus de 2 500 € bruts mensuels pour un adjoint et 900 € pour un conseiller délégué.
Les 35 élus toujours fidèles à Gaël Perdriau forment un bloc solide et soutiennent le maire. Mais pour combien de temps ? Les 12 élus des groupes d’opposition de gauche « Saint-Étienne demain », « Le Temps de l’écologie » et les communistes, ainsi que Lionel Boucher, ex-adjoint UDI évincé il y a un an, et Antoine Poméon, jeune LR ayant refusé de siéger dans la majorité dès le début, pourraient rejoindre l’opposition. Cela formerait un groupe de 24 élus, bien au-delà du tiers nécessaire pour provoquer des élections anticipées. En intégrant Jacques Plaine pour remplacer Claude Liogier, la majorité Perdriau n’a plus de réserves sur sa liste électorale de 2020.
Nicole Peycelon droit dans ces bottes

Nicole Peycelon, présidente du groupe Saint-Étienne Avant Tout.
Nicole Peycelon, présidente du groupe Saint-Étienne Avant Tout, a annoncé cette décision lors d’une conférence de presse organisée mardi, au lendemain du coup de théâtre de lundi. Le groupe dissident avait préparé cette décision une semaine avant, dès le lundi 17 juin, après l’éviction de Claude Liogier. Nicole Peycelon a expliqué que le maire lui avait proposé de récupérer les délégations de Claude Liogier, ce qu’elle a refusé, préférant rester fidèle à ses convictions.
Les élus de Saint-Étienne Avant Tout estiment que, malgré leur départ, les projets en cours continueront grâce au professionnalisme des agents et des associations collaborant avec la mairie. Cependant, ils reconnaissent que cela n’améliore pas le climat de souffrance actuel. Les trois LR restants de Saint-Étienne Avant Tout – Nicole Peycelon, Claude Liogier et Robert Karulak – pourraient être suspendus de leur parti, mais ils restent indifférents à cette éventualité.
Un conseil municipal le 30 septembre qu’on imagine houleux
Saint-Étienne Avant Tout n’envisage pas que des élus fidèles à Gaël Perdriau les rejoignent, mais reste ouvert à toute discussion. Ils estiment que la gauche devra s’assurer que l’ensemble des listes électorales de 2020 soient prêtes à démissionner, pas seulement les élus en place. La pertinence de partir en campagne précipitamment et les risques associés, notamment de devoir repasser devant les urnes dès 2026 après seulement un an de mandat, sont des obstacles à considérer. Une éventuelle élection pourrait créer quatre blocs majeurs, rendant les triangulaires au second tour risquées pour tous. Le prochain conseil municipal de Saint-Étienne se tiendra le 30 septembre. On en saura davantage d’ici là, peut-être même dès les semaines suivant les législatives.