
Victor Solf sera cette année en concert au festival Paroles et Musiques. Un virage artistique qui révèle une nouvelle facette de l’ancien membre du duo Her. Né d’un père allemand passionné de rock et d’une mère pianiste, Victor Solf a grandi dans un environnement musical riche et varié. Après avoir passé sa petite enfance en Allemagne, c’est en Bretagne, à Rennes plus précisément, qu’il fait ses premiers pas sur scène en fondant The Popopopops avec des amis de lycée. « Comme je suis devenu rapidement chanteur d’un groupe, je me suis plongé dans des figures de chanteurs inspirants comme Jim Morrison. J’ai vu le film très tôt, je lisais des biographies sur lui, j’étais fasciné par sa manière d’habiter la scène », se souvient-il.
Son approche de la composition musicale naît d’une révélation au collège, lorsqu’un professeur de piano l’encourage à s’affranchir des partitions pour improviser. Cette libération coïncide avec sa découverte de Ray Charles, dont l’influence soul et blues transparaît clairement dans son grain de voix rappelant Otis Redding. Plus tard, le trip hop de Massive Attack et Portishead viendra enrichir sa palette musicale.
Le passage à la langue française représente un défi majeur pour cet artiste nourri de culture anglo-saxonne. « Ma génération, influencée par l’indie rock anglais et américain, a suscité une forme de rejet de la musique française. L’anglais permettait de rêver, de s’ouvrir au monde », explique-t-il. Pourtant, cette contrainte créative s’est avérée féconde : « J’ai senti que ça serait un grand challenge pour moi, ça me sortait de ma zone de confort et c’est important, ce qui m’est trop facile ne m’intéresse pas. »
Ne se sentant pas à l’aise avec l’écriture en français, Victor Solf s’est entouré de paroliers talentueux comme Barbara Pravi et Vincha. C’est d’ailleurs avec Barbara qu’il co-écrit « Figur », morceau dédié à son père souvent absent, qui donnera le ton de l’album : « peu de mots et des thèmes très intimes dont je devrais être à l’origine, pour faire un disque personnel où l’on ressent une certaine vulnérabilité. »
Cette vulnérabilité irrigue l’ensemble des dix titres, qu’ils évoquent le deuil (« Le meilleur de toi », hommage à Simon Carpentier, son partenaire dans Her décédé en 2017), ses émotions tumultueuses (« Colère », « Des pays pas sages »), ses enfants (« Plus jamais rentrer ») ou encore le quotidien difficile de sa belle-sœur médecin (« Émilie »).
Pour donner vie à ces compositions intimes, Victor Solf s’est entouré de musiciens chevronnés comme Louis Delorme (Air, Charlotte Gainsbourg), le bassiste Jérôme Arrighi (Juliette Armanet, Bachar Mar-Khalifé) ou encore le pianiste de jazz Vincent Charru.
Le résultat est un album pop-soul à la fois intime et généreux, parfois grave mais jamais pesant. « Je voulais évoquer des phases sombres avec lumière, douceur et bienveillance », confie l’artiste, maintenant installé en Bretagne. « Je désire une musique qui fait du bien parce qu’on s’y sent moins seul. »
Victor Solf sera en concert dans le cadre Paroles & Musiques le 20 mai 2025 à la Comète à Saint-Étienne à 20h30.