Mayotte : reconstruction espérée d’ici deux ans
François Bayrou a ouvert son interview sur la situation à Mayotte, récemment dévastée par le cyclone Chido. Le chef du gouvernement s’est voulu résolument optimiste, estimant que la reconstruction pourrait être achevée dans un délai de « deux ans ».
Toutefois, il a souligné l’ampleur de la tâche, qualifiant celle-ci de « surhumaine », et a annoncé qu’un projet de loi spécifique serait déposé pour accélérer les procédures administratives. « Nous mettons tout en œuvre pour que Mayotte se relève rapidement, mais cela demandera une mobilisation nationale », a-t-il précisé.
Un nouveau gouvernement annoncé « avant Noël »
François Bayrou a également évoqué la refonte imminente de l’exécutif, qu’il prévoit de présenter « dans le week-end », et au plus tard avant Noël. Ce remaniement intervient dans un contexte de crise politique aiguë, marqué par l’absence de budget voté pour 2024 et une censure du gouvernement précédent.
« Nous n’avons pas de budget, pas de majorité structurée, et nous devons éviter une impasse politique. C’est la dernière station avant la falaise », a alerté le Premier ministre, tout en appelant à une union des forces politiques modérées pour relever les défis à venir.
Une « offre de participation » aux partis politiques
Dans un geste inédit, François Bayrou a lancé une « offre publique de participation » aux partis politiques, à l’exception du Rassemblement national et de La France insoumise. Trois options sont sur la table : intégrer le gouvernement, le soutenir sans y entrer, ou rester dans une opposition ferme.
Interrogé sur le cas spécifique du Parti socialiste, il a indiqué que celui-ci « réfléchit à une forme de dialogue », ajoutant qu’il espère un compromis pour éviter de nouvelles tensions. « Nous devons retrouver une capacité à dialoguer. C’est la condition pour avancer », a-t-il martelé.
49.3 et retraites : pragmatisme affiché
François Bayrou s’est montré prudent sur l’utilisation du controversé article 49.3, affirmant qu’il ne l’envisagerait « qu’en cas de blocage absolu sur le budget ».
Concernant la réforme des retraites, il a rouvert la porte à des négociations : « J’accepte qu’on rouvre tous les sujets », a-t-il assuré. Le Premier ministre a plaidé pour une solution « d’ici septembre », insistant sur les avantages de la réforme de 2023 pour les petites retraites tout en évoquant des alternatives à l’âge pivot de 64 ans.
« Ce n’est pas une suspension, c’est une reprise du dialogue. Il s’agit d’un acte de bonne foi », a-t-il affirmé.
Bruno Retailleau confirmé au ministère de l’Intérieur
Sur le plan ministériel, François Bayrou a confirmé qu’il souhaitait la prolongation de Bruno Retailleau en tant que ministre de l’Intérieur. Il a salué le travail de ce dernier, qu’il juge en phase avec « les attentes de l’opinion publique », tout en précisant que des ajustements restent possibles.
Un budget attendu pour mi-février
Le Premier ministre a esquissé les contours du futur budget, qu’il espère finaliser pour mi-février. Il a toutefois admis l’ampleur des défis à relever, rappelant qu’il s’appuiera sur la dernière version votée avant la censure du gouvernement Barnier.
« Nous devons aller vers un plan de rééquilibrage des finances publiques, mais cela demandera des efforts de part et d’autre », a-t-il concédé.
Relation avec Emmanuel Macron : des tensions minimisées
François Bayrou a tenu à minimiser les rumeurs de désaccords avec le président Emmanuel Macron concernant sa nomination à Matignon. « Il y a toujours des interprétations, mais nous avons eu une discussion franche et constructive », a-t-il expliqué, soulignant sa volonté de faire « différemment » pour sortir de l’impasse politique.
Nicolas Sarkozy : un verdict qui suscite de la peine
Enfin, le Premier ministre a réagi à la condamnation définitive de Nicolas Sarkozy à un an de prison ferme dans l’affaire des écoutes. « J’ai affronté Nicolas Sarkozy durement par le passé, mais cette décision m’a fait de la peine », a-t-il confié, tout en soulignant qu’il ne pouvait, en tant que chef du gouvernement, commenter une décision de justice.
Un appel à l’unité dans un contexte critique
François Bayrou a conclu son entretien en appelant à l’unité nationale et au dialogue pour sortir la France de la crise actuelle. « L’obstacle est immense, mais nous devons avancer ensemble », a-t-il insisté, espérant que ses propositions pourront rallier un consensus. Une mission qui s’annonce délicate dans une France plus fracturée que jamais.