Le hardcore, c’est Frenchie Shore. Une semaine à peine après son lancement sur la plateforme de streaming Paramount + et la chaîne MTV France, ce samedi 11 novembre, la téléréalité française, adaptation résolument trash de la téléréalité américaine culte Bienvenue au Jersey Shore, a déjà fait couler beaucoup d’encre.
Des femmes aussi portées sur le sexe que ces messieurs ? C’est « rafraîchissant », selon Télérama. Aucune erreur sur la marchandise : « on voit tout ce qui se passe », nous précise France Inter. Quand pour Konbini, « derrière les fesses et les teubs, il y a aussi les beaux messages ».
Le site de divertissement fait, ici, référence au coming out trans d’Ouryel, jeune lyonnaise de 24 ans « complètement exhibitionniste », pour reprendre ses mots. Son coming out simple et courageux a été salué par les habitants de la maison, chacun à leur manière. « Ça change rien à l’attirance que j’ai pour elle. J’ai toujours envie de la baiser », confie, par exemple, Melvin.
Dix candidats, une villa
Le jeune homme de 24 ans originaire des Hauts-de-Seine, qui dit « n’avoir aucune limite », fait partie, comme Ouryel, des 10 participants du Frenchie Shore. Le programme, interdit aux moins de 16 ans, est diffusé sur la plateforme de streaming Paramount + et sur MTV France à partir de 23 heures, depuis le 11 novembre.
Cinq hommes et cinq femmes venant des quatre coins de la France sont enfermés dans une villa près du cap d’Agde. S’ils sont de temps en temps envoyés dehors pour gagner un peu d’argent en bossant dans des restaurants sous le patronage d’Antonin Portal (ex-figure des Marseillais), ils ont pour principales missions : faire la fête et s’envoyer en l’air.
Fellation au milieu du salon, scène de sexe sous la douche, « pool parties » alcoolisées et pénis en érection exhibés… Ils s’en donnent à cœur joie, comme l’ont fait avant eux l’ensemble des candidats de Bienvenue au Jersey Shore, téléréalité « culte » aux États-Unis (six saisons, 71 épisodes) narrant les déboires d’une bande de jeunes Italo-Américains dans une villa du New Jersey.
Objet de moqueries et de fascination classiste, le programme n’est pas seulement devenu un phénomène télévisuel, mais un vrai business. Le Royaume-Uni a son Geordie Shore. L’Espagne, son Gandia Shore. Au Mexique, Accapulco Shore est toujours en cours de production.
« Le hardcore, c’est ’Frenchie Shore’ »
Chez nous, en France, on doit son adaptation à Ah ! Production, boîte de production à l’origine de La villa des cœurs brisés, La bataille des couples, JLC Family ou du récent flop Love Trip : Paris. « Nous ne sommes pas là pour faire un film pornographique », prévient cependant le producteur du Frenchie Shore David Maceira, interrogé par Le Parisien.
« Il ne faut pas les réduire à la vulgarité », a-t-il assuré, quelques jours après un tweet dissonant : « L’élégance c’est la France, le hardcore c’est ’Frenchie Shore’. » Il revendique un programme authentique, sans script, au plus près de la réalité avec des candidats libres, à l’aise avec leur corps et leur sexualité, « reflet d’une partie de la génération Z ».
À Télérama, Ouryel confirme : « À aucun moment la production ne nous a imposé de faire quoi que ce soit. Il n’y a pas de fil conducteur. » En revanche, la production détient toujours les rênes du montage final, dont certaines séquences particulièrement explicites ont été isolées, puis commentées et partagées en masse sur Twitch, TikTok et X (anciennement Twitter), comme dans celle où Tristan, le pénis à l’air, enchaîne les allusions avec Kara ou dans une autre où l’on voit Ouryel tirer le short de bain de Melvin. De loin plus sulfureuses que les séquences marquantes à l’époque de certaines émissions, comme Loft Story ou L’île de la tentation.
Frenchie Shore, un phénomène ?
De là à parler d’un phénomène ? Rien n’est moins certain. Les audiences de MTV n’ont pas été communiquées. Le nombre de visionnages des deux premiers épisodes en ligne sur Paramount + plateforme de streaming lancée en 2022 dont on ignore le nombre d’abonnés, non plus.
Prudence, également, sur le discours féministe. Dans le Frenchie Shore, le « male gaze » prime, comme en témoigne le focus sur la première dispute de la saison entre Ouryel et Kara au sujet d’un homme.
Attention, aussi, au casting dit « inclusif », tant vanté par la production. Car si la présence de Nicolas et Enzo – deux hommes respectivement pansexuel et gay – témoigne d’un léger effort de diversification de l’orientation sexuelle des candidats, rien ne nous dit que le dispositif de dating de l’émission leur permettra de faire, comme les candidats hétéros, des rencontres tout aussi charnelles. Il reste au Frenchie Shorehuit épisodes pour nous prouver le contraire.