Communiqué de Gaïl Perdriau, Maire de Saint-Etienne :
« Je constate, avec inquiétude, que la dérive des finances publiques au niveau de l’État n’est absolument pas enrayée.
En mars, le déficit de l’État représente 5,3 Mds€ contre 5 Mds en mars de l’année précédente.
Confirmant la tendance annoncée qui voit le déficit public passer de 65 Mds€ fin 2017, à 82 Mds€ attendus fin 2018.
Cette situation ne peut plus durer et le gouvernement doit cesser d’imposer des normes auxquelles il est incapable de se soumettre.
Alors que les collectivités ont réalisé 90 % des 11 Mds€ d’économies programmées sur 2012-2017, ce travail engagé pour réduire les dépenses publiques n’est malheureusement pas partagé par l’État, qui continue de son côté à creuser le déficit public de la Nation.
Les efforts en matière budgétaire des collectivités locales sont annihilés par un État qui ne respecte pas ses engagements.
Si la contractualisation proposée par l’État peut être une méthode intéressante, elle ne le sera que si et seulement si, les collectivités conservent, voire accroissent, leurs capacités en matière de gestion des recettes.
Il est normal que les collectivités participent à la maîtrise des dépenses publiques mais le seuil des 1,2% de hausse des dépenses de fonctionnement fixé autoritairement par le gouvernement, doit être revu régulièrement, et face à cette demande, l’Etat ne doit pas adresser une fin de non-recevoir comme l’a fait le premier Ministre lors du dernier Congrès de France Urbaine.
Encore faut-il aussi que les collectivités territoriales puissent maîtriser les recettes qui sont les leurs et disposent de ressources dynamiques qui, pour le moment, restent essentiellement l’apanage de l’État.
Tout se passe comme si l’État souhaitait placer les collectivités territoriales sous tutelle en s’arrogeant un véritable droit de regard sur les politiques locales conduites par l’ensemble des élus.
Quelle est la finalité de cette « recentralisation honteuse » qui ne dit pas son nom ? ne serait-ce pas la volonté délibérée de réduire nos collectivités au rôle de simple variable d’ajustement pour l’Etat afin de lui permettre de remplir les critères de convergence européenne ?
Alors que les collectivités assurent l’essentiel de l’investissement public, soutenant aussi l’activité des entreprises locales et donc l’emploi, il est anormal que l’État exige d’elles des efforts de plus en plus marqués tout en se dérobant face à ses obligations.
Cette politique aura des conséquences économiques et sociales que le Président de la République, faute d’une réelle expérience d’élu local, ne mesure pas.
Pire, cette politique remet, désormais, en cause la décentralisation lancée, en 1981, par François Mitterrand et jamais contestée, depuis, par aucun de ses successeurs.
L’État ne peut plus tarder et nous ne pouvons plus attendre.
Il est impératif de lancer une vraie réflexion globale sur toutes les dimensions de la vie publique locale, en étroite concertation et coordination avec les collectivités et leurs organismes représentatifs.
Il aurait été ainsi souhaitable que l’État réunisse les 322 collectivités appelées à contractualiser pour engager un vrai travail collectif au lieu de conclure des pactes séparés.
Ce que nous dénommons vérité, n’est qu’une élimination d’erreurs, affirmait Georges Clemenceau, il est temps que le gouvernement accepte de construire un nouveau pacte de confiance reposant sur l’élimination des erreurs commises depuis un an ».