
En pleine période de canicule, les usagers en quête de fraîcheur ont dû faire demi-tour face à un mouvement de grève qui révèle des tensions profondes entre la direction et le personnel. Huit agents des piscines municipales ont choisi d’exercer leur droit de grève, contraignant la fermeture temporaire de l’équipement. Un préavis déposé par la CGT des Territoriaux concernait spécifiquement les week-ends, période cruciale pour les familles stéphanoises cherchant à échapper aux fortes chaleurs.
Des effectifs insuffisants selon les grévistes
Annick Morel, représentante syndicale CGT aux piscines municipales, conteste fermement la version officielle minimisant l’ampleur du mouvement. Selon elle, ce débrayage trouve son origine dans un problème structurel de sous-effectif qui perdure depuis des mois sans solution satisfaisante de la part de la hiérarchie.
Le jour de la grève, seuls trois agents d’hygiène étaient programmés pour le service du soir, alors que les conditions d’accueil du public exigent la présence de cinq professionnels minimum. Cette situation illustre selon le syndicat les difficultés chroniques auxquelles sont confrontés les personnels, contraints de travailler dans des conditions dégradées tout en assurant la sécurité des baigneurs.
Polémique politique autour du droit de grève
La communication de la municipalité a jeté de l’huile sur le feu du conflit social. Brigitte Masson, adjointe aux sports, a publié sur sa page Facebook un message dénonçant une « prise d’otage des Stéphanois » par les grévistes. Cette sortie a été relayée par sa collègue Siham Labich, qui qualifie le mouvement d' »irresponsable et scandaleux » en période de canicule.

Ces déclarations ont provoqué une vive réaction du syndicat CGT, qui y voit un manque de respect flagrant pour le droit de grève et une méconnaissance des réalités du terrain. Les représentants du personnel dénoncent une stratégie de communication visant à dresser le public contre les agents, aggravant encore le climat social déjà tendu.
Une réouverture dans un climat délétère
Le dimanche suivant, la piscine a rouvert ses portes mais l’ambiance était loin d’être apaisée. Avec 1633 entrées enregistrées, l’affluence exceptionnelle a généré des incidents préoccupants. Les agents d’accueil ont essuyé insultes et agressivité verbale, tandis que le personnel a dû procéder à une trentaine d’exclusions pour comportements inappropriés.
Les incivilités ont atteint des niveaux inacceptables : des usagers ont uriné dans des sacs qu’ils ont accrochés dans les douches, d’autres ont souillé les murs avec des couches sales. Ces actes révèlent la dégradation du climat dans cet équipement public soumis à une pression énorme.
Guerre de chiffres sur les horaires de travail
Au cœur du conflit se trouve un différend sur le temps de travail des agents des piscines. Le maire Gaël Perdriau explique qu’une erreur administrative avait maintenu ces personnels à 37 heures hebdomadaires contre 38 heures pour les autres agents municipaux. Cette anomalie, découverte en 2022, sera corrigée au 1er janvier 2025 pour rétablir l’équité.
Cette harmonisation, présentée comme une simple mise en conformité par la municipalité, est perçue différemment par les agents concernés. Ces derniers y voient une dégradation de leurs conditions de travail intervenant dans un contexte déjà difficile de sous-effectif chronique.
Une unique piscine pour toute une ville
La situation est d’autant plus critique que Raymond-Sommet à Saint-Étienne constitue le seul équipement aquatique municipal accessible durant l’été. Cette concentration génère une pression considérable avec des pics de fréquentation atteignant 1250 usagers simultanés, soit la capacité maximale de l’installation.
Dès l’ouverture mardi 1er juillet, les files d’attente s’étirent jusqu’au parc François-Mitterrand. Onze agents de sécurité sont déployés aux heures de pointe pour gérer les débordements, tandis qu’une voiture de police municipale stationne en permanence aux abords. Cette militarisation de l’espace aquatique témoigne des tensions qui règnent autour de ce bien public devenu rare.
Les usagers, bien que compréhensifs face à la canicule, déplorent cette situation unique dans une ville de cette importance. Entre files d’attente interminables et climat social dégradé, la saison estivale s’annonce particulièrement éprouvante pour tous les acteurs de cet équipement sous pression.