
Le reconfinement est sûrement le meilleur moyen de se réconcilier avec le cinéma. Oubliez les comédies françaises bourrées de clichés ou les suites de films Marvel, je vous propose de voir ou revoir cinq films pour mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons.
FIGHT CLUB (1999)
Une critique acerbe de la société à travers l’œil d’un personnage lambda, le narrateur dont on ne connaît pas la véritable identité, en quête de dopamine dans un monde ultra-consumériste, notre époque en fait. Si le film est sorti en 1999, il annonçait déjà le terrorisme qu’allait connaître le 21ème siècle. Nihiliste à souhait, Fight Club n’est pas qu’un film de testostérone, il dénonce la publicité, la recherche de la perfection humaine et l’extinction des masses. Brad Pitt interprète Tyler Durden, sexy et huilé, personnage révolutionnaire dont le combat va mener notre narrateur à une réflexion existentielle (sans spoiler la fin), à commencer par sortir de sa zone de confort. Ce film est le seul à m’avoir mis une claque, de par sa mise en scène et ses punchlines à outrance. Malheureusement, il n’a pas eu l’effet escompté lors de sa sortie en salle. À voir et à revoir tant il n’a jamais autant été actualité.
SHINING (1980)
Le confinement, Stephen King l’a inventé dans Shining, d’abord un livre avant de devenir un film. L’histoire : Jack Torrance et sa famille viennent se confiner dans un hôtel construit sur un cimetière indien. Là, Torrance pourra écrire son livre tranquillement pendant l’hiver. Le problème est que Danny, le fils qui s’invente un ami imaginaire a un pouvoir magique, il communique par la pensée et peut voir les morts. L’autre souci c’est que Jack Torrance, écrivain torturé, commence à sombrer quelque peu dans la folie. Le film signé Stanley Kubrick est truffé de références subliminales, par exemple le pull de Danny à l’effigie de la fusée Apollo 11, laissant la part belle aux complotistes d’affirmer que Kubrick aurait filmé le premier pas de l’homme sur la Lune dans un studio à Hollywood. Un bijou cinématographique qui nous ramène à nos plus grandes angoisses, comme quoi le confinement ne réussit pas à tout le monde.
THE LOBSTER (2015)
Il y a toujours une grand-mère dans les repas de famille pour nous rappeler qu’à 30 ans on est encore au chômage et célibataire, qu’on n’a toujours pas d’enfant et qu’il serait temps de s’activer parce que la vie passe trop vite. Cette pression sociale c’est l’objet du film The Lobster signé Yorgos Lanthimos. Le synopsis est on ne peut plus original : dans un futur proche, toutes les personnes célibataires sont rassemblées dans un hôtel où elles auront 45 jours pour trouver l’amour. Passé ce délai, elles seront transformées en animal de leur choix. Malheureusement dans ce film, Tinder n’existe pas. Ça rend la tâche un peu compliquée donc, à part si on a envie de se transformer en lapin et brouter de l’herbe.
IRRÉVERSIBLE (2002)
Le film qui a donné la nausée lors de sa projection à Cannes en 2002. Pourtant l’oeuvre de Gaspar Noé partait avec un casting de rêve : Vincent Cassel, Monica Bellucci et Albert Dupontel. Seulement voilà, la scène de viol est tellement bien jouée que c’en est insupportable. Le pire c’est qu’un badaud passe à ce moment-là et qu’il prend la fuite plutôt que de secourir la victime. Noé a voulu montrer la lacheté humaine à son paroxysme. Une violence inouïe se dégage pendant 1h39, prouvant que 18 ans plus tard on n’en est toujours au même point avec les féminicides. Le film a en plus été monté à l’envers, fait exprès, ce qui accentue le malaise. Prévoir quand même un sac à vomi.
HER (2013)
Theodore Twombly a tout du gendre idéal et pourtant il n’a pas trouvé chaussure à son pied, revivant inlassablement les souvenirs d’avec son ex. Sa moustache stalinienne et son faux air de premier de la classe en font un personnage énigmatique. Il va trouver l’amour non pas dans le monde des humains, mais plutôt avec une intelligence artificielle, un programme informatique nommé Samantha. Alors voilà, Theo et Sam font l’amour virtuellement. Jusqu’à qu’elle devienne trop intelligente pour se contenter d’un seul homme et prenne la tangente avec les autres comme elle. Theodore est ultra sensible et n’en reste pas moins un personnage attachant. Mais son extrême solitude et son interaction constante avec les écrans ne sont pas si loin de nous. Et si c’est ça le futur, non merci !