
Il en a fait du chemin le gamin de Châteauroux qui faisait du trafic de cigarettes avec les militaires de la base américaine. On n’en sait jamais assez de Gérard et on redemande ! De sa conversion à l’islam après un concert d’Oum Kalthoum, du Dédé son père qui ne parlait jamais et de sa mère la Lilette qui a bien failli avorter du petit Gérard, de son malheureux fils décédé trop jeune… La réussite de Gérard on la doit un peu à Jean-Laurent Cochet qui l’a formé à la diction et aux grands textes classiques. Avant cela Gérard était un bourru, ne savait pas parler, ne connaissait rien à la grande littérature. Mais ce Gargantua va vite dévorer les livres et se faire un nom dans le cinéma français dès 1974 dans les Valseuses. Il n’a jamais autant été vrai que dans ce film. Jean-Claude le loubard, c’est lui ! Et puis il va enchaîner les rôles de composition au fil des années, jusqu’à incarner des personnages qui ont existé ou sont issus de grandes œuvres contemporaines. Cyrano, Martin Guerre, Marin Marais, Vidocq, Raspoutine, Alexandre Dumas, Porthos, Christophe Colomb… L’ogre peut tout jouer n’importe quel rôle en étant toujours juste et imposer le respect auprès de ses collègues. Ses écarts ont fait la une de la presse mais n’ont jamais terni la carrière de l’acteur. Sorti d’un quintuple pontage coronarien, il n’a cessé de croquer la vie à pleine dent. Tantôt gaulois pur et dur, tantôt citoyen du monde, Gérard est de partout chez lui et semble enraciné dans ce que la nature a de plus beau à offrir : la vie.
Il a côtoyé les plus grands mais ceux qui l’ont connu ont côtoyé LE plus grand. Jean Gabin, Yves Montand, Serge Gainsbourg… Tous l’ont adoubé et maintenant il ne nous reste plus que lui. Il n’y en aura plus jamais d’autres comme lui, on montrera ses films longtemps après son passage sur Terre. Il emportera l’âme du cinéma quand il s’en ira c’est sûr. Gérard n’est pas ce que l’on croit, il est bien plus encore.