
Initialement prévue pour juillet, la réouverture glisse désormais vers août, voire septembre, au grand dam des nageurs appelous qui commencent à développer des branchies d’impatience.
Un patrimoine architectural qui fait des vagues
Construite en 1971 selon les plans d’André Wogenscky, disciple de Le Corbusier, cette piscine cumule les défis techniques depuis plus de cinquante ans. L’équipement souffre d’infiltrations chroniques qui ont progressivement dégradé sa structure, transformant ce joyau architectural en casse-tête budgétaire avec des pertes d’exploitation dépassant le million d’euros annuel.
Face à cette situation, le maire Julien Luya avait initialement envisagé une reconversion culturelle de l’équipement, couplée à la construction d’un nouveau centre nautique. Ce projet ambitieux s’est finalement noyé dans l’absence de terrains disponibles et le manque de soutien intercommunal.
Des études à n’en plus finir avant de plonger
Christophe Chaland, adjoint à l’urbanisme, reconnaît la complexité du dossier qui a nécessité de multiples audits techniques. Ces analyses approfondies visaient à s’assurer que les interventions sur la toiture n’affaibliraient pas l’ensemble de la structure. Un luxe de précaution qui peut paraître excessif mais qui s’avère indispensable pour ce bâtiment classé aux monuments historiques.
La Direction régionale des affaires culturelles impose en effet une restitution fidèle de l’architecture originelle, compliquant d’autant les interventions. Chaque modification doit être négociée avec les Bâtiments de France, transformant le moindre joint en sujet de débat patrimonial.
Un chantier qui prend l’eau… de tous côtés
Fermée depuis octobre dernier pour sept mois de travaux théoriques, la piscine résiste aux efforts de rénovation. Les entreprises s’attaquent prioritairement aux problèmes d’étanchéité du toit, source principale des infiltrations qui ont corrodé le béton et oxydé l’acier au fil des décennies.
Le chantier avance par tranches, plus lentement qu’espéré. Les aléas météorologiques ont perturbé le planning, tandis que certains éléments comme le pare-vapeur se révèlent plus difficiles à traiter que prévu. La réunion de chantier du 12 mai a officialisé ce retard, confirmant que les délais initiaux étaient trop optimistes.
Rafraîchissement intégral en cours
À l’intérieur, les équipes s’affairent à moderniser les installations. Les vestiaires bénéficient d’un coup de peinture bienvenu, tandis que les plages des bassins sont reprises pour éliminer les désordres structurels. Le fameux toboggan, privé de certificat de conformité, subit un lifting complet avec renforcement de sa structure et sécurisation de l’escalier d’accès.
Les joints de fractionnement entre les différentes parties du bâtiment nécessitent également une intervention spécialisée, ajoutant une couche de complexité technique aux négociations avec les services patrimoniaux.
Une ouverture estivale compromise
Malgré l’optimisme affiché par l’équipe municipale, la réouverture pour août reste hypothétique. Cette incertitude pénalise particulièrement les familles appelouses non vacancières, d’autant que la piscine du Chambon-Feugerolles ferme traditionnellement trois semaines en août.
L’enveloppe budgétaire de 700 000 euros reste maintenue malgré l’allongement des délais, mais l’adjoint à l’urbanisme prévient déjà qu’une réhabilitation complète sera nécessaire à terme.
L’avenir en eaux troubles
Au-delà de ces travaux d’urgence, l’équipement nécessitera une modernisation globale pour répondre aux standards contemporains. Les façades, véritables passoires thermiques, et l’ensemble des menuiseries devront être repensés dans le respect des contraintes patrimoniales.
Cette réhabilitation d’ampleur, dont le coût reste à évaluer mais s’annonce conséquent, permettrait enfin à cette piscine emblématique de concilier valeur architecturale et fonctionnalité moderne. En attendant, les Appelous devront prendre leur mal en patience et leurs maillots de bain en réserve.