Saint-Etienne rêve de ressusciter un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Dans les années 70, la France du football entière vibrait avec les épopées de l’ASSE dans ce qui s’appelait encore la Coupe d’Europe des clubs champions. Une demi-finale en 1975, un quart de finale en 1977 et entre les deux une finale perdue contre le Bayern Munich, la faute aux fameux poteaux carrés de Glasgow. Mais depuis une élimination dès le tour préliminaire lors de la saison 1981-82 face au Dynamo Berlin, c’est le néant en C1. D’où l’excitation palpable dans le Forez après un début de saison qui a rendu crédible une qualification pour la prochaine Ligue des Champions. Mais pour s’affirmer comme un réel candidat au podium, il manque encore à l’ASSE des victoires de référence contre des concurrents directs. Ça tombe bien, il y en a deux qui se présenteront à Geoffroy-Guichard cette semaine : Marseille mercredi en match en retard (21h00) et Lyon dimanche pour le traditionnel derby.
L’ASSE EST 3EME SOUS GASSET
Au bout de ces quatre prochains jours, les Verts en sauront bien plus sur le périmètre de leurs ambitions. « Ils ont envie de se mesurer à des adversaires comme ça, a expliqué Jean-Louis Gasset mardi en conférence de presse au sujet de ses joueurs. L’équipe sent qu’elle est en progression. Mais elle sait aussi que lors de la phase aller, elle n’a pas battu des équipes qui étaient plus fortes au départ. » C’est simple, elle a perdu contre les trois équipes qui la devancent actuellement au classement en L1 : le PSG (4-0), Lille (3-1) et Lyon (1-0). Mais c’était à chaque fois à l’extérieur, alors que l’ASSE est la deuxième meilleure équipe de France à domicile (23 points pris en 9 matchs) derrière le PSG. « Sur l’année 2018, le parcours à domicile a été extraordinaire », a souligné Gasset. L’ancien adjoint de Laurent Blanc n’y a en effet connu la défaite qu’une seule fois, début mai contre Bordeaux (1-3). Plus globalement, l’ASSE carbure depuis l’arrivée de Gasset sur le banc. Avec 68 points engrangés sur la période, il n’y a que le PSG (93) et l’OL (70) pour faire mieux.
L’OM LEUR FAIT QUAND MÊME PEUR
D’où le désir légitime de se mêler à la lutte pour le podium, dans laquelle il pourrait faire décrocher l’OM en cas de succès mercredi. C’est en bête blessée, après huit matchs sans succès, que Marseille se présentera dans le Forez. Ce n’est pas pour rassurer les Stéphanois, Gasset en tête. « Quand vous avez des joueurs de ce niveau, vous savez qu’ils vont avoir une réaction à un moment donné. (…) Quand vous êtes dans l’œil du cyclone, c’est terrible. Malgré tout, Mandanda reste Mandanda, Thauvin reste Thauvin, Luiz Gustavo reste Luiz Gustavo… » « Quoiqu’il arrive, c’est une grande équipe, a confirmé Rémy Cabella, ancien de la maison phocéenne. Pour bien les connaître, je sais que les joueurs veulent se relancer. » Pas question dès lors pour l’ASSE de prendre par-dessus la jambe le rendez-vous avec l’OM en prévision du derby qui arrivera vite derrière. « On va prendre les choses dans l’ordre. On me parle du derby depuis que je suis arrivé. (…) Mais pour l’instant, on se concentre sur l’OM. Au niveau de la préparation, on sait qu’on n’aura pas besoin de donner de la motivation. Les yeux brillent et semblent dire « Coach, vous pouvez compter sur moi ». »
CABELLA : « ON VEUT TOUS FAIRE QUELQUE CHOSE D’ÉNORME »
Parce qu’ils savent que cette semaine, « importante » sans être « décisive » selon Gasset, aura forcément son influence pour la suite. Pour se convaincre que rien n’est impossible, avant tout. « Les objectifs se dessineront au fur et à mesure, a reconnu Cabella. Si on fait ce que l’on doit faire, on aura peut-être une belle surprise. On veut tous faire quelque chose d’énorme. Mais pour l’instant, concentrons-nous sur les prochaines échéances. C’est vrai que, quand on regarde le classement, il y a la place. Si on peut faire mieux, on le fera. Jouer des concurrents directs est un bon test. » Le test ultime même, pour valider l’évolution constante de l’ASSE sur les 12 derniers mois. « Si je vous dis que l’équipe est en progrès, c’est que je suis confiant. Il faut toujours s’adapter à la situation. On a gagné un match de coupe, un autre à l’extérieur, chose qu’on n’avait pas beaucoup fait depuis le début de saison. » Battre des cadors, les Verts ne l’ont pas encore réalisé non plus. Le moment est venu. Pour se donner le droit de rêver, tout simplement.