
Une restructuration sociale massive désormais clarifiée
La direction du groupe Casino vient de lever le voile sur l’ampleur définitive de son plan de sauvegarde de l’emploi. Philippe Palazzi, directeur général, a confirmé ce vendredi que 2 200 postes seront supprimés dans le cadre de la restructuration du groupe, un chiffre qui se situe dans la fourchette moyenne des estimations communiquées en avril dernier (entre 1 200 et 3 200 emplois menacés).
« Près de 90% des licenciements ont déjà été notifiés à ce jour », a précisé le dirigeant, soulignant toutefois qu’environ 1 000 salariés ont pu bénéficier de solutions de reclassement en interne, atténuant partiellement l’impact social de cette restructuration.
Ce plan marque un tournant majeur pour ce fleuron français de la distribution qui comptait encore 200 000 collaborateurs en 2022, avant de se séparer de ses hypermarchés et supermarchés, cédés principalement aux groupes Intermarché, Auchan et Carrefour.
Des premiers signaux financiers encourageants
Après une année 2023 catastrophique, marquée par une perte historique de 5,7 milliards d’euros, le groupe retrouve progressivement des couleurs. L’exercice 2024 s’est conclu sur un résultat net positif de 295 millions d’euros, signe que les premières mesures de redressement commencent à porter leurs fruits.
Cette amélioration s’inscrit dans la stratégie « Renouveau 2028 » qui vise un « retour à la rentabilité » d’ici 2026. Le groupe, désormais contrôlé par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky après avoir été longtemps dirigé par Jean-Charles Naouri, s’est fixé des objectifs ambitieux pour reconstruire un modèle économique viable.
Une rationalisation du parc commercial et des innovations stratégiques
L’assainissement du réseau constitue un autre pilier de cette transformation. La direction a annoncé la fermeture de 768 points de vente jugés non rentables, principalement sous les enseignes Casino et Franprix. En parallèle, 266 nouvelles ouvertures sont programmées, témoignant d’une volonté de repenser entièrement le maillage territorial du groupe.
Philippe Palazzi mise également sur l’innovation pour relancer l’attractivité des enseignes. Plusieurs nouveaux concepts ont été présentés, comme le format « Oxygène » chez Franprix ou « La Ferme » pour l’enseigne bio Naturalia. Le groupe travaille par ailleurs sur une refonte de la plateforme Cdiscount et expérimente un modèle d’épicerie nomade pour la marque Casino.
Des défis persistants dans un secteur ultra-concurrentiel
Si ces premières mesures témoignent d’une volonté de rebond, le chemin vers la renaissance reste semé d’embûches. Le groupe doit faire face à une concurrence féroce dans un secteur de la distribution alimentaire où les marges sont structurellement faibles et les habitudes de consommation en pleine mutation.
La nouvelle direction devra également reconstruire la confiance des fournisseurs, parfois échaudés par les difficultés financières passées, et fidéliser une clientèle qui a pu être désorientée par les nombreux changements d’actionnariat et de stratégie.
Pour les analystes du secteur, le succès du plan « Renouveau 2028 » dépendra largement de la capacité du groupe à se positionner sur des segments porteurs et à développer des offres différenciantes, dans un contexte où les discounters allemands Lidl et Aldi continuent de gagner des parts de marché et où les acteurs du e-commerce alimentaire renforcent leur présence.
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