
Un hôpital sous les projecteurs mondiaux
Depuis le 14 février, il est devenu l’épicentre de l’attention médiatique mondiale. La raison ? Le pape François, 88 ans, y est hospitalisé pour une double pneumonie, son état demeurant « critique mais stationnaire » selon le dernier bulletin médical publié ce mardi soir.
Au dixième étage de l’établissement se trouve ce que Jean-Paul II avait surnommé avec humour le « Vatican trois » – un appartement médicalisé spécialement réservé au souverain pontife. Une appellation qui témoigne des liens historiques entre cette institution médicale et la papauté, Jean-Paul II lui-même y ayant séjourné neuf fois pour un total de cent-cinquante-trois jours.
Malgré la pluie battante, fidèles italiens et étrangers se pressent devant l’entrée de l’hôpital, où trône la statue de Jean-Paul II, désormais entourée de bougies et de messages destinés à François.
Entre information officielle et rumeurs persistantes
Face à l’immense pression médiatique, l’hôpital Gemelli a mis en place un système de communication rigoureux. Chaque jour, aux alentours de 19 heures, un bulletin sur l’état de santé du pape est communiqué aux journalistes rassemblés dans une salle dédiée, complété par un communiqué matinal envoyé aux médias accrédités.
« La pression des médias est énorme. L’ambiance est fébrile, électrique, et il y a beaucoup de fake news qui circulent, » confie un employé du Vatican. « Aujourd’hui encore, à 5 heures, une rumeur de décès a commencé à circuler. Heureusement, dans ce contexte, les bulletins médicaux sont transparents. »
Ces bulletins, volontairement concis mais précis, offrent une stabilité bienvenue dans cette période troublée. Si le Vatican a confirmé ce mardi que l’état du pape demeure « critique », il a également précisé qu’il avait « pu travailler dans la journée ».
Une équipe médicale discrète mais déterminée
Si la transparence règne concernant l’évolution de la santé du pontife, le mystère entoure l’équipe médicale qui veille sur lui. On sait néanmoins que Massimiliano Strappetti, l’infirmier personnel du pape, ne quitte pas son chevet. Sergio Alfieri, directeur du service de chirurgie du Gemelli, et Luigi Carbone, vice-directeur du département santé et hygiène de l’État du Vatican, sont eux chargés de rédiger les bulletins quotidiens.
Lors d’une conférence de presse le 21 février, Sergio Alfieri a levé un coin du voile : « Les bulletins sont écrits par moi et Carbone, mais, derrière, il y a une équipe dont font partie des experts en maladies infectieuses. » Le chirurgien a mentionné plusieurs spécialistes italiens, dont un pneumologue, un gastro-entérologue et un cardiologue. « On se voit tous une fois par jour et les bulletins sont la synthèse de ce que l’on se dit. Ensuite, en accord avec le pape, on donne les nouvelles au monde. Il a toujours voulu qu’on dise la vérité. »
Gouverner depuis un lit d’hôpital
Malgré son état de santé préoccupant, le pape François continue d’exercer ses fonctions. La proclamation de nouveaux saints ce jour a été interprétée comme un signe encourageant de sa capacité à travailler. À l’inverse, la nomination récente de quatre évêques a suscité des interrogations chez certains observateurs : « Est-ce qu’on n’accélère pas ce genre de décisions par peur qu’ensuite ça se complique ? » s’interroge un prêtre romain sous couvert d’anonymat.
Une source vaticane tient cependant à préciser que la question de la démission ne se pose pas tant que le souverain pontife conserve ses facultés intellectuelles. « Le seul problème, c’est qu’il aime le contact avec les gens. Si on lui disait qu’il doit rester enfermé jusqu’au mois de juin, il ne sera pas très content. Néanmoins, tant qu’il a la possibilité d’écrire, de lire, il peut gouverner. Il peut faire beaucoup de choses, même en restant dans sa chambre. »
Alors que le monde catholique retient son souffle, l’hospitalisation prolongée du pape François continue de susciter inquiétudes et prières, mais aussi admiration pour sa volonté de transparence et sa détermination à poursuivre sa mission malgré l’adversité.