Depuis plusieurs années, les riverains proches de la prison de La Talaudière constatent des va-et-vient incessants pour approvisionner les détenus. « Pour approvisionner les détenus, des gens viennent sur ce chemin privé, parfois jusque sur notre terrasse ou notre jardin, pour lancer des objets par-dessus la clôture », témoigne un habitant au Progrès. « Au moins deux personnes viennent tous les jours. Quand on leur demande de s’en aller, soit ils nous ignorent, soit ils nous insultent. » Un problème qui ne se calme pas. Les autorités ont installé un brouilleur d’ondes. Les drones ne peuvent plus passer, donc ce sont les personnes qui viennent en remplacement. Des sacs sont lancés en direction de la prison, contenant souvent des smartphones, de la drogue et de la nourriture. Les ravitailleurs arrivent à pied ou en trottinette. « Ils viennent en trottinette, à pied, en scooter, en voiture, ils se fichent de faire du bruit, ils n’ont aucune crainte. »
Les habitants du quartier ont proposé de mettre des policiers sur le terrain, mais la préfecture de la Loire n’a pas donné raison aux habitants. Cependant, le centre pénitentiaire, lui, a prévu de réagir. La construction d’un mur est prévue pour lutter contre les nuisances sonores et visuelles. Une enveloppe de 17 000 € va également permettre la construction d’un autre mur en septembre, à la place du portail cassé au bout du chemin. Interrogée par le Progrès, la directrice de la prison, Cécile Rodde, explique le but de ces travaux : « Nous le faisons pour que la cohabitation avec les riverains se passe au mieux. » Une clôture a déjà été construite et de la vidéosurveillance a été ajoutée sur certains axes. Pour la maire PS de La Talaudière, Ramona Gonzales-Grail, cela ne changera pas les choses : « Ils ont installé des barbelés et ont monté un mur, mais ce n’est pas suffisant. Des dizaines de millions d’euros devraient être investis pour que cela change quelque chose pour les riverains. La réhabilitation à moindre coût n’est pas efficace. »
73 600 personnes remplissent les 187 centres pénitentiaires en France
En 2017, le gouvernement avait décidé d’abandonner un projet de maison d’arrêt à Saint-Bonnet-les-Oules. Pourtant, celle de La Talaudière est considérée comme vétuste et insalubre. Une personne maîtrise bien le sujet. Il s’agit de la députée Andrée Taurinya, élue LFI à Saint-Étienne. Lors de son premier mandat, elle avait amélioré la vie des détenus. « Le cantinage défaillant, le retard de livraison, l’indisponibilité et le manque de diversité des produits, c’est le lot quotidien des détenus en prison », explique-t-elle au Progrès. Pour la députée, le vrai problème est la surpopulation carcérale. Aujourd’hui, plus de 73 600 personnes remplissent les 187 centres pénitentiaires en France, alors qu’il n’y a que 60 600 places. Une surpopulation carcérale qui s’élève donc à plus de 120 %. Les prisons sont aujourd’hui saturées. Emmanuel Macron avait prévu la création de 15 000 places supplémentaires entre 2017 et 2027. Pour le moment, 2 400 ont effectivement été créées.