
À la veille de cette rencontre cruciale, Pierre Ekwah s’est présenté en conférence de presse, armé d’un vocabulaire aussi répétitif qu’un match nul 0-0.
L’art de parler beaucoup pour ne rien dire semble être devenu une spécialité stéphanoise. « Il ne faut pas s’affoler, mais on est dans la zone rouge », a déclaré Ekwah, comme si annoncer qu’on ne devait pas paniquer tout en rappelant qu’on était au bord du précipice allait miraculeusement résoudre la situation.
Le milieu de terrain a ensuite livré un chef-d’œuvre de tautologie footballistique : « Il faut faire certaines choses qu’on n’a pas fait et surtout faire des choses qu’on fait, les faire en mieux. » Une phrase qui aurait pu être simplifiée en « il faut mieux jouer », mais où serait le plaisir ?
La perle rare est sans doute arrivée quand Ekwah a évoqué le besoin de « garder les bonnes intentions et tout le temps les refaire, minute après minute, match après match, semaine après semaine, mois après mois. » On s’attendait presque à le voir continuer avec « décennie après décennie, siècle après siècle », tant l’horizon temporel semblait s’étirer jusqu’à l’infini.
Le diagnostic posé par le joueur est aussi précis qu’une frappe de Wahbi Khazri : « Des fois, on a eu un manque de constance parce qu’on pouvait sortir des très bons matchs. Le match d’après, il était un peu plus compliqué. » Une analyse qui se résume essentiellement à dire que l’ASSE joue bien quand elle joue bien, et moins bien quand elle joue moins bien.
Reste à savoir si cette philosophie du jeu circulaire se traduira sur le terrain face au Havre. Les supporters stéphanois espèrent désormais que leurs joueurs seront plus directs avec le ballon qu’avec les mots. Car comme dirait peut-être Ekwah : « Pour gagner un match, il faut marquer des buts et ne pas en encaisser, après après après. »
Carine Cariant