
Alors que les stades français vibrent habituellement au rythme des exploits techniques et des buts spectaculaires, c’est désormais dans les bureaux feutrés des experts-comptables que se joue peut-être l’avenir de certains clubs de l’élite. Bienvenue dans le nouveau championnat parallèle de la Ligue 1 : « Qui restera solvable jusqu’en juin ? »
QUAND LES CALCULATRICES REMPLACENT LES CRAMPONS
Avec trois petits points séparant Le Havre (barragiste) de Nantes (14e), la fin de saison s’annonce aussi palpitante qu’un cours de mathématiques financières. L’AS Saint-Étienne, glorieux club aux dix titres de champion de France, se retrouve aujourd’hui à scruter non seulement son calendrier sportif mais aussi… les bilans comptables de ses concurrents !
« On a embauché un ancien de chez KPMG comme préparateur mental », confie sous couvert d’anonymat un membre du staff stéphanois. « Il nous fait des séances de visualisation où l’on imagine les autres clubs déposer le bilan. C’est très relaxant. »
REIMS INVENTE LA STRATÉGIE DU « MAINTIEN PAR PROCURATION »
La révélation faite par Gilbert Brisbois dans l’After Foot concernant Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims, a fait l’effet d’une bombe dans le milieu : le dirigeant champenois miserait sur d’éventuelles relégations administratives d’autres clubs pour assurer le maintien de son équipe.
« C’est ce qu’on appelle désormais la ‘tactique du dernier survivant financier' », explique un observateur du football français. « Pourquoi s’épuiser à courir après un ballon quand on peut simplement attendre que les autres clubs s’écroulent sous le poids de leurs dettes ? »
MEDIAPRO, DAZN : LES VRAIS MVP DE LA SAISON
Si les joueurs se battent sur le terrain, les véritables acteurs de cette fin de saison pourraient bien être Mediapro et DAZN. Après le milliard d’euros initialement promis par Mediapro, puis les 500 millions finalement espérés avec DAZN, les clubs français se retrouvent comme des étudiants attendant un virement parental qui tarde à arriver.
« On a remplacé notre tableau tactique par un tableau Excel », plaisante un entraîneur qui préfère rester anonyme. « Les joueurs comprennent mieux les colonnes ‘débit-crédit’ que mes schémas offensifs. »
LE NOUVEAU MERCATO : VENDEZ VOS STARS OU VOTRE ÂME
Face à cette situation, les clubs ont dû se résoudre à des ventes forcées cet hiver. Reims s’est séparé d’Agbadou et Munetsi pour 38 millions d’euros, tandis que Montpellier a cédé Nordin, Al-Taamari et Adams.
« C’est simple, maintenant on recrute sur deux critères : talent footballistique et valeur de revente », confie un directeur sportif. « On a même commencé à établir des cotations pour nos joueurs, comme à la bourse. Le défenseur central est en hausse cette semaine, mais attention à la volatilité du milieu offensif gaucher. »
L’ASSE ET LE PARI DE LA PATIENCE
Pour les Verts, l’espoir renaît donc non pas grâce à une série de victoires, mais grâce aux déboires financiers potentiels de leurs concurrents. « On ne peut pas baisser la tête, tout reste possible », déclarait le défenseur Maxime Bernauer, sans préciser s’il parlait de points gagnés sur le terrain ou de points récupérés dans les bureaux de la DNCG.
Le calendrier de l’ASSE semble moins difficile que celui de ses rivaux directs, mais c’est peut-être dans les salles d’audience de la Direction Nationale du Contrôle de Gestion que se jouera vraiment la survie du club.
LA LIGUE 1, PREMIER CHAMPIONNAT OÙ LES SUPPORTERS SUIVENT LES RÉSULTATS… DE LA BOURSE
Face à cette situation inédite, les supporters s’adaptent. Dans les bars autour du stade Geoffroy-Guichard, on ne discute plus seulement des performances sportives, mais aussi des performances financières.
« Tu as vu la dette de Montpellier ? Pas mal notre ratio d’endettement, non ? Tu penses que Le Havre a provisionné ses pertes ? » sont les nouvelles conversations qui animent les soirées stéphanoises.
Un groupe de supporters aurait même lancé une cagnotte pour offrir des cours d’expertise comptable aux joueurs de l’équipe. « Autant qu’ils comprennent pourquoi ils jouent vraiment », justifie le créateur de l’initiative.
LE MOT DE LA FIN
Alors que le foot français traverse peut-être sa crise la plus profonde, l’ASSE s’accroche à tous les espoirs, même les plus improbables. La relégation administrative d’autres clubs serait une bouée de sauvetage inespérée pour les Verts.
En attendant, le club stéphanois continue de lutter sur le terrain, avec cette nouvelle devise adoptée en interne : « Si tu ne peux pas les battre au football, espère qu’ils se fassent battre par leurs créanciers. »